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Je suis comme un formateur qui doute !
Depuis mes premiers pas en informatique pédagogique en 1985, j’ai vu passer de nombreuses innovations techniques et c’est tant mieux !
Chaque nouveauté était présentée comme la panacée pour l’enseignant et l’apprenant. Pendant plusieurs mois, voire une année ou plus, de nombreuses formations étaient mises en place pour former les personnes à son utilisation.
Et puis l’effet se réduisait peu à peu. L’innovation entrait plus ou moins dans une utilisation du quotidien.
A un moment, on ne jurait que par l’utilisation du tableau blanc interactif. Massivement, les écoles primaires, par exemple, ont été équipées. Selon les contextes locaux, l’utilisation était intensive ou minime ou inexistante. J’ai vu des matériels non installés, dans des cartons jamais ouverts stockés dans une pièce annexe de rangement.
Donner ainsi la priorité au matériel, à la technique, n’assure pas une utilisation quotidienne bien intégrée à l’acte pédagogique.
Actuellement, ce sont les utilisations de l’IA (Intelligence Artificielle) qui ont le vent en poupe et à juste titre.
On ne compte plus les propositions de formations qui vous promettent de devenir en quelques heures ou jours un expert du prompt.
Des organismes introduisent aussi l’IA dans le domaine du mentorat et réduisent de ce fait le temps humain dédié à la relation entre apprenant et mentor.
La tendance pourrait être de confier à l’IA de plus en plus de tâches dans des domaines variés.
Il est légitime à un moment donné de questionner notre pratique et de douter de notre action.
Jusqu’où je vais dans mon utilisation de l’IA ? Ai-je bien compris les tenants et aboutissants de cette technologie ? Quelle est la place restante à mon imagination, à mon expérience, à ma capacité de production de contenus, à ma vision de l’accompagnement d’apprenants ?
Comment mes apprenants utilisent-ils cet outil ? Quid de la pertinence de leurs productions écrites ? Quid de l’impact sur leurs apprentissages ? Comment se situent-ils par rapport à la propriété intellectuelle ?
Une citation de Geneviève Jacquinot me revient en mémoire :
« Chaque nouvelle technologie alimente une utopie : l’outil de référence est associé au rêve d’une certaine école ou d’une certaine société… comme toujours, les développements technologiques loin de remplacer l’enseignant (…) ne font qu’exiger de lui plus de maîtrise dans la connaissance des processus d’apprentissage et toujours plus d’imagination, … »
Jacquinot, G, (1985), L’école devant les écrans, Paris, ESF.
Jacques Cartier