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Le pédagogue chercheur

Image en CC0 : https://tinyurl.com/2umpfu4s

– Bonjour Jacques, Tu évoques, dans notre dernier échange, que tu fais passer chaque semaine des soutenances aux étudiants OpenClassrooms. Tu en es à mille deux cents cinquante ! Ne risques-tu pas la saturation dans ce rôle de mentor évaluateur ?

– On peut effectivement craindre que cette répétition engendre de l’ennui et, à la longue, une distance néfaste à la qualité du travail réalisé. Il n’en est rien, car les étudiant·e·s traitent les sujets de façon très personnelle. Aucune soutenance ne ressemble à une autre.

– Quelles sont ces différences ?

– Chaque personne perçoit la thématique du projet avec sa propre sensibilité, en fonction de sa formation initiale, de son expérience de vie professionnelle et privée, de son projet professionnel. Le support de présentation (diaporama classique ou en ligne) est très personnalisé. Le discours tenu, l’aisance à l’oral, la réactivité aux échanges durant la phase de discussion, … Tous ces éléments sont différents et variés selon leurs auteur·e·s.

– Donc, tu ne t’ennuies pas si je comprends bien ?

– Au contraire, chaque soutenance m’apporte beaucoup. Je lis les documents que l’on appelle les « livrables« , j’écoute de façon active la personne lors de son exposé, je prends des notes, j’essaie de donner à la discussion qui suit un côté très dynamique. Je propose à la personne de faire son autoévaluation quant à sa façon d’appréhender le projet, de le traiter et de le présenter. Le plus souvent, les étudiant·e·s trouvent des informations riches, des liens porteurs, des applications en ligne pertinentes, des idées novatrices. Ils·elles apportent ainsi de l’eau à mon moulin pour que je me situe toujours dans une dynamique de recherche.

– Jacques, tu es insatiable ! Tu m’as dit récemment que tout enseignant·e ou formateur·rice de la maternelle à l’université est un pédagogue chercheur. Tu m’as indiqué que tu tenais cette expression d’une vidéo de Philippe Meirieu que tu avais visionnée et qui t’a marqué : https://www.dailymotion.com/video/xbxsz8

Bien à Vous,

Jacques Cartier

Consultant expert International – Auditeur Qualiopi

espace-formation.eu – jacques-cartier.fr

Bientôt 50 ans de carrière (8)

Publié: 22 décembre 2020 dans Interview, Réflexions

Si c’était à refaire ?

– Bonjour Jacques. Pour l’article de ce jour, tu as préféré une version vidéo. Nous t’écoutons.

Jacques Cartier, consultant expert international

www.espace-formation.blog – www.espace-formation.eu – www.jacques-cartier.fr

800px-Paphos_Amphitheatre

Source en CC Paternité Partage à l’identique sur https://fr.wikipedia.org/wiki/Fichier:Paphos_Amphitheatre.JPG#filelinks

Bon ça y est ! J’ai reçu une convocation pour animer ma première formation sur une journée.

Pour ne pas que mes stagiaires arrivent le matin en ne sachant pas trop ce qu’ils viennent faire là, j’ai décidé de leur envoyer un courriel une dizaine de jours avant la formation.

Je leur indique ainsi le programme, les horaires, et les invite à travailler sur un premier document que je leur fais parvenir en pièce-jointe.

J’espère ainsi éviter au maximum ce que j’ai souvent vécu en tant que formé, l’arrivée de personnes qui disent au formateur :

« Bonjour monsieur ! J’ai reçu dans mon casier au boulot une convocation pour venir à votre formation. Je ne sais pas quel est son contenu. »

C’est ce qu’on appelle un public désigné. La personne est tenue de participer à la formation. Ce qui explique que, parfois, elle vienne « à reculons ».

Ce public n’est pas facile à gérer. Le formateur essaye tant bien que mal de briser la glace. J’en ai vu se démener comme de beaux diables, d’autres abandonner très vite la partie devant des personnes mutiques. À de rares occasions heureusement, des personnes très limites au niveau politesse.

Et puis, quid des fiches d’évaluation rendues en fin de stage par ce public particulier ? Le mécontentement (endémique) de ces personnes peut se diriger contre le formateur !

J’espère que je n’aurai pas ce type de public ! Je monte assez vite au créneau ! Il va falloir que je me domine un maximum…

J’ai préparé des documents avec mon traitement de texte et mon logiciel de présentation. Pour éviter de rester sur de l’expositif uniquement, certains documents que je propose sont incomplets. Quelques paragraphes et quelques diapos sont à compléter, à modifier par mon public.

En fait, je me rends compte que les outils bureautiques autorisent une participation active des stagiaires. Par exemple, le formateur présente cinq diapositives, les commente avec les personnes. Puis il fournit le fichier et les personnes doivent ajouter trois à quatre diapos en suivant la consigne donnée. On projette les documents finalisés (sur la base du volontariat ?) pour réaliser une synthèse.

Pas bête comme idée (soufflée par le Jacques pour être honnête) ! Je commence à mieux percevoir la façon dont je peux varier les activités que je propose pour maintenir l’attention.

Oui, c’est plus facile de rester campé sur de l’expositif. Notre formateur (Jacques) nous disait que les cours les plus faciles qu’il ait réalisés dans sa carrière, c’était en amphithéâtre devant deux cents étudiants. Exposé à l’aide d’un diaporama, micro-cravate, et hop !

On possède bien son sujet, on est un peu au théâtre. L’acteur déclame son texte, le public écoute (ou fait semblant). Fastoche !

Mais, nous disait-il, après quelques cours, il était perplexe quant à la portée de ce type de prestation. Il a imaginé des solutions pour faire participer ses étudiants qui venaient par petits groupes sur la scène présenter le fruit d’un travail préparé entre deux cours. Beaucoup ont joué le jeu. Et le Jacques de s’asseoir dans l’amphi à côté des étudiants surpris…

Si c’était un lendemain de fête étudiante, il sortait certains de leur sommeil encore un peu alcoolisé !

À suivre !

Jacques Cartier – www.jacques-cartier.frwww.espace-formation.eu

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Les collègues documentalistes de mon Académie ont mis en place un Mooc intitulé DocTice : http://missiontice.ac-besancon.fr/documentation/index.php/moocdoctice/.

Leur démarche est intéressante. Ils ont décidé d’utiliser des outils de communication du Web et de ne pas « passer » par une plateforme de formation.

« Résolument convaincus de la nécessité de se construire des Environnements Personnels d’Apprentissage (EPA), nous ne souhaitons pas utiliser les plates-formes d’Elearning, afin de ne pas enfermer les stagiaires dans des outils peu flexibles. »

Citation tirée de la page du site Doc TICE.

Ils ont souhaité que j’intervienne le 14 mars 2014 sur le thème des Creative Commons. Vous trouverez ci-dessous l’enregistrement du hangout de cette présentation/discussion.

Jacques Cartier
www.espace-formation.eu

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—– Image sur Flickr en Creative Commons —–

Par outil grand public nous entendons un logiciel dont tout un chacun dispose sur son ordinateur.

Le traitement de texte est un bon exemple. Tout le monde saisit du texte à intervalles réguliers. Mais exploite-t-on vraiment ce logiciel pour les apprentissages ?

Le passage de la machine à écrire au traitement de texte s’est réalisé rapidement. Un ordinateur est venu remplacé la bonne vieille machine à écrire mécanique. Mais a-t-on fait le saut nécessaire entre ces deux machines qui sont de deux mondes différents.

Dans ma pratique de formateur, notamment de secrétaires de direction, j’ai noté que peu de personnes avaient changé leur pratique entre ces deux mondes. Les automatismes liés au logiciel (notion de paragraphe, style, table des matières automatique, document modèle, mode plan, …) sont rarement utilisés.

En travaillant avec des docteurs en lettres récemment, toutes et tous m’ont indiqué que la rédaction de leur thèse avait été « manuelle« , sans aucun automatisme … Si un chapitre est déplacé, la table des matières est fausse … (!)

En ce qui concerne les apprentissages,  le traitement de texte, outil grand public, reste d’un apport essentiel.  Jacques Anis (1) (2)  évoque les points suivants :

  • des fonctions de rédaction : insertion, couper-copier-coller-déplacer, recherche et remplacement, glossaire ;
  • des fonctions méta-scripturales : déplacement dans un document, sélection d’une partie, annuler/répéter, afficher en mode plan, en mode aperçu avant impression, enregistrement, impression ;
  • des fonctions de mise en forme et de structuration du document : format de caractères, attributs graphiques, insertion d’images, de tableaux, de documents, table des matières, indexation ;
  • des fonctions métatextuelles : annotations (commentaires de l’auteur ou d’un lecteur), statistique (comptage des caractères, des mots, des lignes, des paragraphes, des pages), marques de révision qui mettent en évidence toutes les modifications rédactionnelles, vérification orthographique, grammaticale et stylistique, dictionnaire des synonymes.

Dans une activité coopérative à distance, on a fait appel souvent à une écriture collective. Le traitement de texte se prête bien à ce type de production. Les apprenants bâtissent le canevas du document puis chacun prend en charge un chapitre particulier. Il est possible ainsi de fusionner les écrits, les amender, …

(1) cité par Depover, C, Karsenti, T, Komis, V, (2009), Enseigner avec les technologies, Québec : Presses de l’Université du Québec.

(2) Anis, J, (1998), Texte et ordinateur, l’écriture réinventée ?, Bruxelles, De Boeck Université.

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Dans le domaine de la foad on trouve beaucoup de témoignages d’apprenants et de formateurs et, moins souvent, de responsables d’organismes de formation.

FODAD (http://www.fodad.org/) est un programme national de formation à distance qui vise les publics ATOS (1) , ITRF (2) et d’Encadrement de l’Education nationale. 

Le témoignage qui suit me semble intéressant à publier dans ce blog. Il relate la naissance de FODAD et montre que la mise à distance même partielle d’une formation introduit de l’innovation dans la structure d’un organisme de formation. Tous les acteurs se trouvent ainsi concernés. Fodad touche à ce jour 27 académies et le service de l’administration centrale.

Témoignage : 

Une expérience en formation ouverte et à distance, au service de formation des personnels ATOS dans l’Académie de XXXXXXXX.

Responsable pendant quelques années au service de formation des personnels ATOS, j’ai eu l’opportunité de vivre une expérience enrichissante dans le domaine de la formation ouverte et à distance qui a fait évoluer mon approche du métier.

J’étais en poste depuis quelques années lorsqu’à l’occasion de rencontres et de réunions, la proposition de s’engager dans un projet inter académique en formation ouverte et à distance, m’a paru, ainsi qu’à XXXXXXXXXXX, formateur CAFA (3), très intéressante. Ce projet concernait six académies et il devait aboutir au montage d’une formation de préparation au concours interne d’adjoint administratif. Accompagnés d’une collègue administrative, nous sommes partis « démarrer l’aventure » dans les bâtiments poitevins de la sous-direction de la formation des personnels.

L’intérêt immédiat a été la rencontre avec les collègues d’autres académies et de se trouver rapidement en situation de devoir « construire ensemble ». Le challenge était donné : proposer une formation en janvier (nous étions en octobre) et construire un dispositif de formation alliant la formation en présence des stagiaires et à distance, sur un site de FOAD. A l’aide d’experts de l’éducation nationale, l’édifice s’est construit progressivement, au cours de réunions et par le moyen d’échanges, avec l’outil Quickplace.

Ce site de formation en ligne a permis, après une phase de familiarisation nécessaire, de donner progressivement de la matière au projet et de d’observer le montage du parcours de formation. C’est ainsi que nous travaillions dans le cadre de « salles, de bibliothèques et de ressources, » dans des salles des formateurs et des salles d’apprenants. Une forme de centre de formation virtuel ? Le vocabulaire changeait aussi. Le terme de « stagiaires » relevait d’un lexique traditionnel qui n’était plus adapté à la formation à distance, sur un site internet. En effet, une personne adulte qui décide de se former est le seul véritable acteur de sa formation. Les personnes qui l’aident et l’accompagnent (les formateurs) auraient plutôt un rôle d’assistance et de conseil, de mise en construction des savoirs et des apprentissages. Elles apporteraient leurs contributions parmi d’autres proposées par des documents, un tutorat…

La première expérience à XXXXXXXX a pu se mettre en place, comme convenu et dans les délais, sur la base de ressources communes aux six autres académies.

L’intérêt véritable, à mes yeux, a consisté dans la conduite, avec XXXXXXXX dont l’apport fut primordial, de projets identiques à l’échelle académique avec des formateurs qui ont accepté de mener le même travail que celui effectué au niveau national : travail collectif de formateurs, partage de documents, réflexion sur la pédagogie, sur l’évaluation. C’est ainsi que d’autres actions ont vu le jour, à l’attention des personnels ATOS puis d’encadrement. On osera dire que les personnels ATOS ont ouvert la voie à ces nouvelles modalités grâce à la conviction de formateurs (personnels administratifs, essentiellement) curieux de la formation et désireux d’explorer ces nouvelles modalités. Nous avions enfin le sentiment que notre métier se professionnalisait et se modernisait.

Toutefois, je ne voudrais pas dresser ici un tableau de cette expérience sans évoquer les difficultés rencontrées : les résistances au changement car ce nouveau modèle a parfois déconcerté (manque d’encadrement ressenti par les stagiaires, problèmes d’ordre technique). Au plan administratif et financier, des questions nouvelles apparaissaient et ne trouvaient pas toujours réponse. Ainsi, les structures réglementaires prévoient que le formateur se trouve devant le stagiaire, en sa présence physique. Comment dans ce cas mesurer le travail de formation, de préparation, attester de la présence du stagiaire et à quel niveau rémunérer cette activité ?

En conclusion, je me suis désormais éloignée de ces projets, pour cause de changement de service. Mais je suis contente d’avoir pu les suivre, à un moment de mon parcours professionnel car cela a été d’une grande richesse.

1) Personnels administratifs, techniques, ouvriers, sociaux et de santé (ATOS)
(2) Ingénieurs techniques, de recherche et formation
(3) Centre Académique de Formation à l’Administration
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Autre billet sur FODAD

Claire Garcin, qui a créé le blog e-TIC ET(te) FOAD , revient sur son rôle de fondatrice, sur la (les) vocation(s) du blog, sur les perspectives à moyen et long termes… Bref, une mission pas facile à tenir mais qui en vaut la peine.

Thématique de e-TIC ET(te) FOAD
Travaillant dans le monde de la FOAD, je voulais faire partager mes « trouvailles » dans ce domaine. Le e-learning évolue tellement vite qu’il est en effet important à mon sens de garder un œil ouvert.
Le blog e-TIC ET(te) FOAD est donc destiné à toutes les personnes qui s’intéressent de près ou de loin à la formation ouverte et à distance.

J’y propose une série d’articles, de dossiers, d’ouvrages et d’événements en lien avec la FOAD. Chaque mois, une newsletter est envoyée aux abonnés.


Pourquoi le blog ?

J’ai choisi le blog d’abord par curiosité car on parlait beaucoup de cet outil autour de moi et qu’il était hors de question de passer à côté. Egalement, je cherchais depuis longtemps un outil qui me permette à la fois d’organiser et de mutualiser des ressources, et qui soit en même temps simple d’utilisation. Le blog réunit ces deux conditions. La possibilité laissée au lecteur d’interagir par le biais des commentaires est également un plus.


De la difficulté d’alimenter le blog
Ouvert en juin 2005, je me suis petit à petit laissée prendre à ce « jeu ». Au fur et à mesure, le nombre de lecteurs, des abonnements à la newsletter, des articles s’est multiplié.

Alimenter le blog est devenu alors un travail quotidien nécessaire puisqu’on sent que le lecteur attend quelque chose, qu’il faut poster des nouvelles informations en permanence. C’est aussi le revers de la médaille… Je n’avais pas soupçonné cette émulation, et donc tout ce travail de veille à organiser quotidiennement.

Après plus d’un an d’expérimentation, je peux dire que le rythme est difficile à tenir, même si rien n’est obligatoire ni imposé. On a promis certaines choses au lecteur en lui proposant des ressources, donc on se « doit » de continuer à produire. C’est contraignant, mais j’ai choisi de continuer parce que j’y trouve aussi mon compte. Et puis, je reçois régulièrement des messages d’encouragement qui me poussent à continuer.


Ce que le blog m’a apporté
On dit souvent qu’un CV ne suffit pas pour trouver un boulot. Je partage cette opinion. La création de ce blog a correspondu avec ma démarche de changer d’emploi. Et je pense sincèrement que cela m’a aidé, puisque j’ai retrouvé un autre emploi en avril.

Le blog m’a aussi permis de me faire connaître auprès des acteurs de la FOAD ; c’est d’ailleurs grâce à e-TIC ET(te) FOAD que le GreCO* m’a proposé de rédiger des articles sur la FOAD et publiés sur WebGreCO , que je vais bientôt intervenir dans un séminaire sur les savoirs de base et la FOAD , et que e-difor me demande ce papier (non là je triche… Jacques (Ménigoz) est ami !)

Le bilan est donc plutôt positif.


En projet
Au niveau du fond : j’aimerais multiplier les interviews des gens du métier, élaborer des dossiers plus complets sur des sujets spécifiques, et pourquoi pas inviter certaines personnes intéressées à participer ponctuellement à la vie du blog,…

Sur la forme : un blog doit être, à mon sens, alimenté en moyenne trois fois par semaine. C’est un objectif que je me suis fixé. Par ailleurs, j’envisage de refondre et réorganiser le blog de façon à ce qu’on trouve davantage de rubriques.


Un vrai boulot en perspective…


Claire Garcin
http://clairegarcin.over-blog.com

* Grenoble Campus Ouvert

 

Intervention de Lucie Audet

Publié: 22 août 2006 dans Interview

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Dans un billet du mois de mai nous vous avons parlé du travail de Lucie Audet intitulé « Pour franchir la distance«  (2).

Lucie Audet nous fait parvenir le texte ci-dessous pour ajouter un commentaire à notre billet. Nous plaçons ce texte sous forme de billet pour qu’il soit plus visible par nos lecteurs et rende ainsi la publication de commentaires plus aisée :

Merci, monsieur Cartier, de votre commentaire. J’espère que le guide, que j’ai rédigé à l’intention des formateurs canadiens pour le Réseau d’enseignement francophone à distance (REFAD), pourra être utile à tous ceux qui s’intéressent à l’utilisation des technologies en enseignement.

J’ai parcouru les différentes rubriques de votre blogue et j’ai trouvé particulièrement stimulante la question posée dans le billet « Utiliser un blog_? » : « Le blog, une solution sans problème ? ». Elle situe bien ce qui me semble un des principaux problèmes de l’utilisation de la technologie en formation : éblouis par l’attrait de la technologie, on oublie trop souvent qu’elle n’est qu’un outil et que, dans le cas d’une formation, à distance ou en présence, cet outil doit être mis au service d’une intention pédagogique. En d’autres mots, les outils technologiques ne peuvent être une solution que dans la mesure où le « problème » a d’abord été défini.

À titre d’exemple, il ne viendrait probablement à l’idée de personne d’entrer dans sa classe, de s’asseoir et de dire simplement à ses étudiants : «maintenant, discutez !». Il s’ensuivrait sans doute un long silence puis de nombreuses questions comme : «oui mais, sur quoi ?» «dans quel but ?» «de quelle façon ?». Il est aussi probable que, à moins d’enseigner l’improvisation, l’apprentissage qui en résulterait serait limité. Pourtant, n’est-ce pas très semblable à ce que fait un professeur lorsqu’il ajoute simplement un blogue, un forum ou une salle de clavardage (chat) à son cours, sans avoir d’abord défini l’objectif ou les modalités d’utilisation de l’outil ? En classe, nous avons appris qu’il faut présenter le sujet d’une discussion, formuler des questions, stimuler la participation, gérer les droits de parole, réagir aux contributions, les évaluer, etc. La contribution du formateur n’est pas moins importante à distance.

Si un des écueils de la formation à distance est de sur-estimer les différences entre formation en présence et à distance au point d’oublier que cette dernière nécessite aussi l’application de principes pédagogiques reconnus, comme le développement d’activités dont les objectifs pédagogiques sont clairs et significatifs, l’autre est de sous-estimer ses différences. Par exemple, n’est-il pas courant de sous-estimer l’effort supplémentaire de planification, de rédaction ou de soutien qu’elle nécessite ou, pour revenir au billet « Utiliser un blog ? », les compléments de décharge qui devraient l’accompagner ? Le diagnostic que vous en faites est-il semblable ?

C’est la raison pour laquelle j’ai structuré le guide « Pour franchir la distance » en fonction des similitudes et différences entre les deux types de formation, qui me semblent correspondre aux deux grandes catégories de problèmes que rencontre la FAD

J’espère que vous serez nombreux à lire le guide, à l’utiliser et à me faire part de vos commentaires.

Lucie Audet
Réseau d’enseignement francophone à distance du Canada (REFAD : http://www.refad.ca).

Lucie Audet est spécialiste en communication. Elle est titulaire d’une maîtrise en technologie de l’information ainsi que d’une maîtrise en science politique. Ses recherches ont surtout porté sur l’utilisation d’Internet comme outil de collaboration et de consultation, sur l’analyse des politiques de communication et sur les mécanismes de participation des publics.
Formatrice et consultante, elle a participé au développement de plusieurs environnements d’apprentissage informatisés. Elle a aussi travaillé au Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes (CRTC), où elle a acquis une connaissance approfondie des réseaux de télécommunication canadiens et à la Télé-université, où elle a participé à la mise en place de réseaux de travail collaboratif internationaux.

Enseigner pour le futur (suite)

Publié: 13 juillet 2006 dans Interview
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Dans un précédent billet « Dispositif Enseigner pour le futur » du 4 juin 2006, nous vous avons parlé du dispositif « Enseigner pour le futur« , initiative du Ministère et de la société Intel.

Danny Arati, d’Intel Education, nous a fait parvenir l’article « Oeuvrer pour une économie du savoir  » pour préciser les actions d’Intel dans le monde de l’Éducation.

Bonne lecture !

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Dans l’académie de Besançon, la préparation au concours de SASU est proposée en partie à distance. Pour la note administrative comme pour l’épreuve 2 (réponse à cinq à 10 questions de nature juridique), les séances en présentiel alternent avec les séances à distance. Chaque formateur suit entre 10 et 15 apprenants.

Les outils utilisés sont :

– un site Quickplace qui permet de retrouver les exercices et les corrigés mais qui donne aussi accès à un forum d’échanges. Les formateurs disposent d’un espace réservé qui leur permet d’échanger et de concevoir les sujets et les corrigés. Chaque apprenant dispose d’une fiche de suivi que le formateur et l’apprenant concerné sont les seuls à pouvoir consulter et modifier.

– Le courrier électronique en complément, notamment pour adresser aux apprenants les devoirs corrigés.

Dans cette formation qui mêle présence et distance, le formateur assume plusieurs rôles.

En amont de la formation, il est au sein d’une équipe un concepteur de devoirs. La pluralité des métiers représentés au sein de l’équipe des formateurs est une richesse qui permet de donner aux apprenants des conseils précis sur les principaux sujets au programme du concours et de les illustrer par des exemples concrets.

Lors des séances en présentiel, ce sont plus les aspects méthodologiques qui peuvent être discutés avec les apprenants. Ces séances sont aussi l’occasion de soutenir la motivation des apprenants de façon globale.

Les séances à distance permettent le contact personnel entre l’apprenant et le formateur qui peut alors être qualifié de tuteur. Par l’intermédiaire de la fiche de suivi, le suivi personnalisé des apprenants prend une dimension plus formelle. Elle permet à chaque apprenant de retrouver les étapes de son apprentissage et donne à voir une progression qui est un élément fort de la motivation. Le courriel permet de prendre contact directement avec ceux qui sont tentés par l’abandon

A distance les contacts entre apprenant et formateur passent par l’écrit et il est capital pour le formateur d’avoir le souci de la « juste remarque » : celle qui à la fois pointe les inexactitudes ou les erreurs mais qui permet aussi à l’apprenant de trouver une motivation pour poursuivre la formation. Le formateur doit donc trouver un équilibre entre son rôle d’expert des sujets au programme et un rôle qui relève plus du soutien motivationnel à apporter aux apprenants. C’est à la fois assez banal et essentiel d’affirmer que la confiance en soi est un paramètre capital dans une préparation concours. L’évaluation des travaux personnels est donc une des tâches primordiales du formateur, elle doit être menée avec finesse et précaution.

Par rapport au groupe d’apprenants, le formateur/tuteur doit s’efforcer aussi de favoriser les interactions dans le groupe. Le site Quickplace permet outre les échanges personnels par la fiche de suivi, des discussions asynchrones en groupe grâce aux forums. C’est sans doute un des aspects les plus complexes du rôle du formateur dans la mesure où le concours implique une forte concurrence entre les apprenants. Pour cette raison et sans doute aussi par manque de confiance en eux, ils sont peu enclins à engager des discussions dans les forums.

Dans ce dispositif, le formateur/tuteur est impliqué dès la conception de la formation : il doit être à la fois expert de contenu et fournisseur d’appui méthodologique, de soutien motivationnel, évaluateur attentif et acteur du suivi personnalisé des apprenants.

Pour conclure, il importe aussi que les formateurs apportent leur contribution à l’évaluation globale de la formation. C’est un des aspects du rôle de formateur sur lequel des progrès sont possibles parce qu’il est encore assez peu développé et formalisé. Les résultats des apprenants à l’issue du concours sont certes une donnée à prendre en compte mais d’une part, elle est plus quantitative que qualitative et elle ne prend pas vraiment en compte le groupe d’apprenants et la formation dans leur globalité.

N. R, formatrice

Ingénieur en foad