Archives de la catégorie ‘Chronique C2i’

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Il est souvent demandé à un enseignant ou un formateur de changer sa pratique. Cela avec plus ou moins d’instance, de respect et d’empathie. Parfois la demande ressemble à une injonction…

Mais est-ce si simple de sortir de sa zone de confort acquise par l’expérience d’années d’exercice de la fonction ?

Bernadette Charlier s’interroge sur le changement de pratique à opérer. Elle le voit comme un processus à la fois personnel et institutionnel :

« Lorsque je parle de changement de pratique d’enseignement ou de formation, j’évoque les changements mis en œuvre par un enseignant ou un formateur au moment de la planification, pendant les cours ou les formations ou après ceux-ci. Il peut concerner, ses routines, ses décisions de planification ou ses connaissances, de même que : les actions mises en œuvre, les interactions avec les pairs et la réflexion exercée sur l’action. L’ensemble de ces éléments constitue ce que j’appelle sa pratique d’enseignement ou de formation. En outre, il n’y a changement que par rapport à une situation antérieure. C’est l’enseignant ou le formateur lui-même qui reconnaît le changement. Si une telle proposition peut s’avérer théoriquement cohérente, elle mérite d’être discutée. En effet, elle suppose, au moins implicitement, la nécessité du changement. Il faut changer. C’est la « tyrannie du changement » même si, dans ce cas, l’enseignant pourrait être considéré comme son propre tyran. Ce qui avec les TIC n’est pas tout à fait le cas tant la pression médiatique, politique et économique est forte.

Ainsi, si changer est nécessaire, résister l’est sans doute tout autant. L’un ne va pas sans l’autre. Pour changer une pratique pédagogique, il faut d’abord que celle-ci existe, qu’elle ait été construite patiemment au cours des années, qu’elle soit stabilisée. L’enseignant doit pouvoir s’appuyer sur cette pratique s’il souhaite la changer. Il doit pouvoir la reconnaître pour éventuellement la mettre en cause. Il doit pouvoir y fonder son projet. Échapper à cette tyrannie consisterait peut-être à comprendre le changement de pratique d’enseignement ou de formation comme un processus inscrit à la fois dans une histoire individuelle et dans un contexte institutionnel. Un processus vécu différemment par chaque enseignant. Un processus à double face articulant résistance et changement. »

Bernadette Charlier – Professeure responsable du Centre de Didactique Universitaire et Nouvelles Technologies et Enseignement – Université de Fribourg (Suisse) – https://www.unifr.ch/didactic/fr/centre/equipe/charlier.html

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Jacques Cartier

Consultant expert international – espace-formation.euwww.jacques-cartier.fr

c2i2e

Le Certificat Informatique et Internet de l’enseignement supérieur niveau 2 Enseignant  (C2i2e) n’en finit pas de faire des siennes !

L’an passé, il était obligatoire de l’obtenir en fin des études de master 2 sous peine de na pas pouvoir être titularisé ensuite. Mais déjà des dispenses sont apparues pour telle ou telle discipline scientifique par exemple. Puis l’inspection générale de sciences physiques a réussi à dispenser « ses ouailles » de ce certificat…

En juin 2012, l’obtention a été repoussée à la fin de l’année de stagiarisation des jeunes professeurs. Aujourd’hui, on parle de repousser la date fatidique à 3 ans après la titularisation…

Ce n’est pas, je crois, rendre service aux jeunes enseignants que de « faire du yoyo » avec ce certificat. En effet, l’utilisation des technologies de l’information et de la communication pour l’enseignement (Tice) concerne tous les enseignants. Elles ont envahi la sphère de l’école de la maternelle à l’université.

Réfléchir à leur utilisation en classe est une nécessité. Seule une formation sérieuse et une validation par un certificat officiel peut garantir que les jeunes générations d’enseignants seront à même de les utiliser à bon escient avec les apprenants.

On peut espérer que les nouvelles Écoles Supérieures du Professorat et de l’Éducation (ESPE) s’empareront de la problématique du C2i2e de façon positive, peut-être en incluant ce certificat dans le curriculum de formation…

Mais quelles seront leurs audaces pour donner un nouveau visage à la formation professionnelle des enseignants ?

Jacques Cartier
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Former des enseignants professionnels

Former des enseignants professionnels

Dans l’ouvrage collectif « Former des enseignants professionnels » (De Boeck, 2001), Marguerite Altet apporte sa contribution intitulée « Les compétences de l’enseignant-professionnel : entre savoirs, schèmes d’action et adaptation, le savoir analyser » . Le paragraphe ci-dessous se trouve à la page 30 :
« La professionnalisation se constitue ainsi par un processus de rationalisation des savoirs mis en œuvre, mais aussi par des pratiques efficaces en situation. Le professionnel sait mettre ses compétences en action dans toute situation ; c’est « l’homme de la situation », capable de « réfléchir » en action » et de s’adapter, de dominer toute situation nouvelle. On admire le professionnel pour sa capacité d’adaptation, son efficacité, son expertise, sa capacité de réponse et d’ajustement à la demande, au contexte, à des problèmes complexes et variés et pour sa « capacité à rendre compte de ses savoirs, de ses savoir-faire, de ses actes » (Charlot et Bautier, 1991)1, à les justifier ; mais on lui demande aussi « de savoir » jouer avec les règles et d’avoir un rapport aux savoirs théoriques qui ne soit pas révérencieux et dépendant mais au contraire critique, pragmatique, voire opportuniste » (Perrenoud, 1993b)2, bref, d’être autonome et responsable. »

Lorsqu’un enseignant emmène sa classe dans une salle multimédia équipée de 25 ordinateurs, il emporte avec lui tout un lot de compétences qui vont l’aider à gérer sa séquence avec succès. Parmi elles, les compétences liées au Certificat Informatique et Internet de l’enseignement supérieur niveau 2 enseignant (C2i2e) sont essentielles : l’environnement numérique propre à l’établissement est connu et maîtrisé, les ressources mises à disposition des élèves sont utilisées dans le respect du droit, l’activité élève a été préparée avec minutie, un plan B est prévu en cas de panne, …
On peut imaginer également que la séquence a été préparée avec d’autres collègues de façon collaborative, qu’elle est testée et évaluée par le groupe, que l’évaluation des élèves fait l’objet d’un travail de réflexion collectif et s’inscrit par exemple dans le contexte du Brevet Informatique et Internet (B2i) si l’action se déroule dans un collège.

Jacques Cartier
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1. Charlot, B. & Bautier, E. (1991). Les professionnels et la professionnalisation en banlieue, Rapport de recherche ESCOL. Université Paris VIII.
2. Perrenoud, P. (1993). Formation initiale des maîtres et professionnalisation du métier. Revue des Sciences de l’Éducation, XIX, 1, 59-76

Logo du C2i2e

Logo du C2i2e

Les technologies de l’information et de la communication impactent depuis des années le métier d’enseignant et de formateur. Un pas de plus vient d’être franchi avec l’obligation faite aux futurs enseignants d’obtenir le Certificat Informatique et Internet de l’enseignement supérieur de niveau 2 enseignant. L’arrêté du 14 décembre 2010 paru au Bulletin Officiel de l’Éducation Nationale numéro 5 du 3 février 2011 indique les modalités d’obtention de ce certificat.
>>> Lien : http://www.c2i.education.fr/IMG/pdf/BO_5_03022011_Arrete14122010_Organisation.pdf
« Article 1
Dans le cadre de la politique nationale de développement des technologies de l’information et de la communication, il est créé un certificat informatique et internet de l’enseignement supérieur de niveau 2 enseignant (C2i2e). Le C2i2e atteste des compétences professionnelles dans l’usage pédagogique des technologies numériques, communes et nécessaires à tous les enseignants et formateurs pour l’exercice de leur métier. Dans les conditions définies par le présent arrêté, l’acquisition du C2i2e poursuit l’objectif d’offrir à chaque étudiant se destinant aux métiers de l’enseignement scolaire, de l’enseignement supérieur et de la formation, la reconnaissance des compétences nécessaires en vue de son insertion professionnelle. »

Dans le référentiel du certificat le mot distance, l’expression formation à distance apparaissent à plusieurs reprises.
Domaine A.2 – Développement des compétences pour la formation tout au long de la vie, item 1 :
Utiliser des ressources en ligne ou des dispositifs de formation à distance pour sa formation.

Le dispositif de formation à distance fait partie intégrante de la formation de la personne. Il n’est plus un ajout au présentiel, un plus ou une béquille.
Domaine B.2 – Conception et préparation de contenus d’enseignement et de situations d’apprentissage, item 5 : Concevoir des situations ou dispositifs de formation introduisant de la mise à distance.

On demande à l’enseignant et au formateur d’aller plus loin dans l’utilisation du distant. Il doit concevoir des contenus adaptés au distant et créer des situations d’apprentissage pour le distant.

Domaine B.3 – Mise en œuvre pédagogique, item 4 :
Utiliser les Tice pour accompagner, tutorer des élèves, des étudiants, des stagiaires dans la réalisation de leurs travaux, leurs projets, leurs recherches.

Une compétence supplémentaire est attendue en ce qui concerne l’accompagnement. L’enseignant et le formateur accompagnent les personnes qui suivent leur formation. On demande à la personne d’ajouter le tutorat à son panel de compétences.

Les universités qui le souhaitent peuvent déposer un dossier auprès de la Mission Numérique pour l’Enseignement Supérieur pour devenir centre de validation au C2i2e. Elles inscrivent dans leurs maquettes de master 1 et 2 liées aux métiers de l’enseignement et de la formation des heures dédiées à une formation au C2i2e.

L’obtention du certificat peut se réaliser ainsi en deux ans pour les étudiants de master sous la forme de validation de compétences.
En 2008 l’obtention du Brevet Informatique et Internet est devenue obligatoire pour le Diplôme National du Brevet des collèges. Dès 2012, tout étudiant qui obtiendra son CAPES devra posséder le C2i2e pour pouvoir enseigner.

L’utilisation pédagogique des technologies de l’information et de la communication est devenue une compétence incontournable, à tel point qu’elle autorise ou non l’exercice d’une profession.
Certes, on pourrait être chagrin qu’une telle certification soit exigée dès l’année prochaine et qu’elle impacte si fortement l’accès au métier d’enseignant ou de formateur.

Mais peut-on imaginer qu’une jeune enseignante ou un jeune enseignant entre dans le métier sans compétence dans ce domaine ?

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En surfant sur les différents sites universitaires concernant le C2i on s’aperçoit qu’une place importante est faite à l’information sur le C2i lui-même et sur son organisation dans l’établissement concerné.

Une université, Nice Sophia Antipolis, fait une présentation vidéo du C2i en insistant sur la plus-value qu’il représente pour les études mais aussi pour la future vie professionnelle qui attend chaque étudiant. Pour voir cette vidéo : http://c2i.unice.fr/.

L’Université Paul Cézanne de Marseille III édite un document très clair pour informer les étudiants : http://info-c2i.univ-cezanne.fr/c2i1/FormationC2i1-L3Droit-910.pdf .

L’Université de Pau et des Pays de l’Adour propose un kit technique de démarrage : https://webcampus.univ-pau.fr/fichiers_webcampus/kit2/kit.htm pour aider l’étudiant à adapter son ordinateur personnel à l’utilisation des différentes ressources mises à disposition.

Elle indique également les obligations de l’étudiant qui suit le module à distance :

En ligne : https://webcampus.univ-pau.fr/main/document/showinframes.php?cidReq=C2I&file=%2FFormation-A-Distance.html

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Charte d’engagement à suivre la formation tutorée en ligne

J’ai choisi de m’inscrire à la formation tutorée en ligne pour préparer le C2i.
J’ai compris que, au cours de cette formation, je serai accompagné(e) par un tuteur qui m’aidera à préparer le certificat.
Ce tutorat ne peut être efficace qu’à la condition que je participe activement à mes apprentissages.

En conséquence, je m’engage à :

  • Réaliser le positionnement général proposé au début du cours
  • Me connecter et travailler dans chaque parcours proposé au minimum 5h
  • Répondre aux sollicitations de mon tuteur chaque fois qu’il le juge nécessaire
  • Participer aux échanges du groupe dans le forum
  • Rendre dans les délais les travaux demandés


Je prends note que :

  • mes temps de connexion et ma navigation dans le cours,
  • mon activité dans la plateforme Online Formapro dans les modules interactifs
  • le nombre et les résultats des QCM que j’ai réalisés sur la plateforme de positionnement seront analysés par mon tuteur pour un meilleur suivi de mes apprentissages.


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Ce texte semble important pour que l’apprenant sache « à quelle sauce » il va être mangé ! Plus sérieusement, ce document participe à la motivation de la personne : on insiste sur le fait qu’elle est volontaire, qu’elle bénéficie d’un tutorat, qu’elle a des obligations (le positionnement en début de formation, le temps de connexion minimum par parcours, la réactivité aux sollicitations du tuteur, les échanges avec les autres participants, la prise en compte pour l’évaluation  des travaux en ligne réalisés).

Bref, le cadre est posé pour commencer à travailler dans de bonnes conditions.

A noter le livret pratique de l’étudiant édité par l’Université de Picardie Jules Verne : http://www.c2i.u-picardie.fr/c2i_upjv/images/LivretC2i.pdf?PHPSESSID=4b8a6704169ed1bae10e11a4304b6df6

Morceau choisi :

« La rapide évolution de technologies de l’information et de la communication (TIC) a engendré au cours de ces dernières années une progression importante des applications, des objets communicants et des espaces partagés. Relayés par le haut débit, ces technologies semblent s’imposer aujourd’hui comme de nouveaux vecteurs de nature à la fois culturelle et communicationnelle, largement présents dans les foyers, les espaces publics et la sphère professionnelle.

Tout un chacun est concerné par l’usage désormais banalisé des technologies numérisées… »

 

Image en Creatice Commons Paternité

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Ce billet est le premier d’un ensemble de billets dédiés au montage d’un dispositif réel de foad qui ouvrira ses « portes » au 15 septembre 2010. Une centaine de personnes (dans une Université) vont suivre une formation au Certificat Informatique et Internet niveau 1 entièrement à distance. Le public est composé de personnes handicapées, en formation continue avec une difficulté à se trouver en présence, de personnes lointaines géographiquement, de volontaires, …

On pourrait être tenté de partir de zéro et de tout faire. Créer soi-même toutes les ressources pour faire une formation vraiment à « sa sauce ». Un peu de recul s’impose !

Si l’on fait un petit tour de France des Universités on s’aperçoit que toutes gèrent un dispositif C2i niveau 1. Un certain nombre d’entre-elles offre une solution en distant.

Quelques liens vous permettront d’avoir une idée :

Cette sélection de liens montre que le dispositif C2i est bien présent dans ces différentes universités.

Vos commentaires sont les bienvenus. Ils permettront de parfaire la démarche initiée. Merci d’avance !

Le prochain billet fera une synthèse des différents sites visités.

A suivre dans le billet « Chronique d’un dispositif à créer – 2 »