Formateur par monts et par vaux (20)

Publié: 31 décembre 2023 dans Chronique C2i, Formateur, Réflexions

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Il est souvent demandé à un enseignant ou un formateur de changer sa pratique. Cela avec plus ou moins d’instance, de respect et d’empathie. Parfois la demande ressemble à une injonction…

Mais est-ce si simple de sortir de sa zone de confort acquise par l’expérience d’années d’exercice de la fonction ?

Bernadette Charlier s’interroge sur le changement de pratique à opérer. Elle le voit comme un processus à la fois personnel et institutionnel :

« Lorsque je parle de changement de pratique d’enseignement ou de formation, j’évoque les changements mis en œuvre par un enseignant ou un formateur au moment de la planification, pendant les cours ou les formations ou après ceux-ci. Il peut concerner, ses routines, ses décisions de planification ou ses connaissances, de même que : les actions mises en œuvre, les interactions avec les pairs et la réflexion exercée sur l’action. L’ensemble de ces éléments constitue ce que j’appelle sa pratique d’enseignement ou de formation. En outre, il n’y a changement que par rapport à une situation antérieure. C’est l’enseignant ou le formateur lui-même qui reconnaît le changement. Si une telle proposition peut s’avérer théoriquement cohérente, elle mérite d’être discutée. En effet, elle suppose, au moins implicitement, la nécessité du changement. Il faut changer. C’est la « tyrannie du changement » même si, dans ce cas, l’enseignant pourrait être considéré comme son propre tyran. Ce qui avec les TIC n’est pas tout à fait le cas tant la pression médiatique, politique et économique est forte.

Ainsi, si changer est nécessaire, résister l’est sans doute tout autant. L’un ne va pas sans l’autre. Pour changer une pratique pédagogique, il faut d’abord que celle-ci existe, qu’elle ait été construite patiemment au cours des années, qu’elle soit stabilisée. L’enseignant doit pouvoir s’appuyer sur cette pratique s’il souhaite la changer. Il doit pouvoir la reconnaître pour éventuellement la mettre en cause. Il doit pouvoir y fonder son projet. Échapper à cette tyrannie consisterait peut-être à comprendre le changement de pratique d’enseignement ou de formation comme un processus inscrit à la fois dans une histoire individuelle et dans un contexte institutionnel. Un processus vécu différemment par chaque enseignant. Un processus à double face articulant résistance et changement. »

Bernadette Charlier – Professeure responsable du Centre de Didactique Universitaire et Nouvelles Technologies et Enseignement – Université de Fribourg (Suisse) – https://www.unifr.ch/didactic/fr/centre/equipe/charlier.html

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Jacques Cartier

Consultant expert international – espace-formation.euwww.jacques-cartier.fr

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