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« L’apprenant au centre du dispositif » : c’est une expression consacrée pour définir une qualité première d’un dispositif de formation performant.

Et si, pour une fois, pour un court instant, on mettait en avant « Le formateur au centre dispositif » !

Les organismes de formation, pour lesquels je travaille sous forme de missions, me disent que les appels d’offres qu’ils reçoivent stipulent que les formations à assurer doivent de plus en plus proposer une multi modalité, de la présence / distance.

Mais quid de la mise en place de ce nouveau paradigme qui inclut une part non négligeable de numérique ? La présence d’une plateforme de formation, la création de ressources multimédia, l’utilisation d’outils de communication comme la classe virtuelle, …

Et il ne faut pas se limiter aux aspects techniques car les aspects pédagogiques sont encore plus complexes à imaginer : que faire en ligne, que faire faire aux apprenants, comment communiquer, comment accompagner, … ?

Parfois, je trouve que les organismes de formation ne prennent pas suffisamment conscience qu’il est important de former leur pôle de formateurs à ce nouveau challenge. Ils ont tendance à laisser venir, à imaginer que les formateurs vont s’y mettre naturellement car c’est leur métier après tout !

Oui, mais ne s’agit-il pas d’une nouvelle professionnalité qu’il est impératif qu’ils acquièrent et non pas seulement d’une dextérité à utiliser des outils numériques ?

Ils doivent accompagner leurs apprenants lors des phases à distance. Ils deviennent ainsi des tuteurs à part entière. Ce nouveau rôle ne s’improvise pas. Le bon sens n’est pas toujours synonyme de réussite.

Il est demandé aux formateurs de créer des ressources (textes, images, vidéos, …) à déposer sur une plateforme. Mais avec quels outils de scénarisation ? On ne peut pas se contenter de déposer des fichiers .PDF même si leurs contenus sont très pertinents. Des liens vers des sites, des images, des vidéos sont devenus des médias incontournables sur le web 2.0. Alors quels outils fournir aux formateurs pour les aider à scénariser ces ressources enrichies ?

Et ces ressources, sont-elles libres de droits ? Ce sujet est très sensible. La quasi-totalité des formateurs (et des enseignants) dont j’ai la charge ne se soucie pas suffisamment du droit d’auteur. Comme si la Toile était un espace ouvert à tous vents, les ressources présentes disponibles d’un simple clic, auberge espagnole de contenus !

Si un formateur produit un parcours de formation de qualité pour l’organisme dont il dépend et qu’il s’avère que nombre de documents sont sous copyright, cela peut devenir fâcheux pour les responsables du dispositif. L’image de marque risque d’être flétrie.

Il est demandé aussi à mes collègues formateurs d’utiliser la classe virtuelle pour travailler en synchrone avec des apprenants disséminés géographiquement. Là encore, il faut un peu de « bouteille » pour animer ce genre de réunions. Comment cette classe s’intègre-t-elle dans le curriculum de formation, quid de sa création, de son animation, de la place des apprenants dans son déroulement ?

Vous le voyez, laisser les formateurs un peu livrés à eux-mêmes n’est pas un service à leur rendre. L’organisme de formation doit prendre en main la gestion d’une nouvelle professionnalisation de ses acteurs qui sont sur le terrain en lien direct avec les apprenants.

« Le formateur au centre du dispositif », un passage obligé !

Jacques Cartier – www.jacques-cartier.fr

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Image en domaine Public sur Pixabay

Dans certains lieux, je sens un hiatus entre l’organisme de formation et son pôle de formateurs. C’est l’introduction du numérique qui, je crois, fait surgir une tension profonde. (voir page 31)

Souvent les formateurs (particulièrement les occasionnels) sont sur le terrain au quotidien, loin de leur base organisationnelle. Ils travaillent ainsi en solo, faisant au mieux. Ce mode de travail peut se transformer en grande solitude, car il n’existe pas vraiment de formation continue du formateur organisée par l’organisme de tutelle.

L’introduction inévitable du numérique dans la pratique pousse les organismes à reprendre contact avec leurs formateurs pour les inviter à modifier leur habitus. Mais la distance qui s’est installée, parfois depuis des années, n’est pas aisée à combler.

Il faudrait, en un ou plusieurs jours de regroupement, que tout soit solutionné :

· utiliser le numérique en formation ;

· travailler en modalité hybride (présence / distance) ;

· concevoir, scénariser des parcours de formation et les déposer sur une plateforme ;

· communiquer de plus en plus en modalité synchrone (classe virtuelle) ;

· être bien au fait de la problématique du droit d’auteur pour utiliser des ressources en toute légalité ;

·

Le chemin à parcourir est long, c’est une nouvelle professionnalité qui se fait jour. L’organisme de formation doit ainsi échafauder un plan de formation de ses formateurs qui ne peut pas se résumer à un regroupement d’une journée.

Certains proposent une formation au C2i2e (Certificat Informatique et Internet niveau 2 enseignant / formateur). Cela me semble une bonne stratégie : le formateur se forme selon un référentiel national structuré, très axé sur l’utilisation pédagogique du numérique. Il obtient une certification nationale de niveau master 2 qui renforce sa professionnalité.

Ci-dessous un extrait du référentiel (domaine B2) :

B2 Conception et préparation de contenus d’enseignement et de situations d’apprentissage

– B21. Identifier les situations d’apprentissage propices à l’utilisation des TICE.

– B22. Concevoir des situations d’apprentissage et d’évaluation mettant en œuvre des logiciels généraux ou spécifiques à la discipline, au domaine et niveau d’enseignement.

– B23. Concevoir des situations d’apprentissage et d’évaluation mettant en œuvre des démarches de recherche d’information.

– B24. Préparer des ressources adaptées à la diversité des publics et des situations pédagogiques :

> en opérant des choix entre les supports et médias utilisables

> en respectant les règles de la communication.

– B25. Concevoir des situations ou dispositifs de formation introduisant de la mise à distance.

Cette formation s’étale sur plusieurs mois. Elle nécessite un investissement important du formateur postulant. Il doit produire des situations d’apprentissage utilisant le numérique, les déposer sur une plateforme de validation d’une Université reconnue comme Centre de Certification. (Exemple : Centre de certification de l’Université de Franche-Comté)

Jack, formateur occasionnel.

À suivre …

Lien vers les pages du petit roman : http://jacques-cartier.fr/roman/

© 2015 J. CARTIER

Logo du C2i2e

Logo du C2i2e

Les technologies de l’information et de la communication impactent depuis des années le métier d’enseignant et de formateur. Un pas de plus vient d’être franchi avec l’obligation faite aux futurs enseignants d’obtenir le Certificat Informatique et Internet de l’enseignement supérieur de niveau 2 enseignant. L’arrêté du 14 décembre 2010 paru au Bulletin Officiel de l’Éducation Nationale numéro 5 du 3 février 2011 indique les modalités d’obtention de ce certificat.
>>> Lien : http://www.c2i.education.fr/IMG/pdf/BO_5_03022011_Arrete14122010_Organisation.pdf
« Article 1
Dans le cadre de la politique nationale de développement des technologies de l’information et de la communication, il est créé un certificat informatique et internet de l’enseignement supérieur de niveau 2 enseignant (C2i2e). Le C2i2e atteste des compétences professionnelles dans l’usage pédagogique des technologies numériques, communes et nécessaires à tous les enseignants et formateurs pour l’exercice de leur métier. Dans les conditions définies par le présent arrêté, l’acquisition du C2i2e poursuit l’objectif d’offrir à chaque étudiant se destinant aux métiers de l’enseignement scolaire, de l’enseignement supérieur et de la formation, la reconnaissance des compétences nécessaires en vue de son insertion professionnelle. »

Dans le référentiel du certificat le mot distance, l’expression formation à distance apparaissent à plusieurs reprises.
Domaine A.2 – Développement des compétences pour la formation tout au long de la vie, item 1 :
Utiliser des ressources en ligne ou des dispositifs de formation à distance pour sa formation.

Le dispositif de formation à distance fait partie intégrante de la formation de la personne. Il n’est plus un ajout au présentiel, un plus ou une béquille.
Domaine B.2 – Conception et préparation de contenus d’enseignement et de situations d’apprentissage, item 5 : Concevoir des situations ou dispositifs de formation introduisant de la mise à distance.

On demande à l’enseignant et au formateur d’aller plus loin dans l’utilisation du distant. Il doit concevoir des contenus adaptés au distant et créer des situations d’apprentissage pour le distant.

Domaine B.3 – Mise en œuvre pédagogique, item 4 :
Utiliser les Tice pour accompagner, tutorer des élèves, des étudiants, des stagiaires dans la réalisation de leurs travaux, leurs projets, leurs recherches.

Une compétence supplémentaire est attendue en ce qui concerne l’accompagnement. L’enseignant et le formateur accompagnent les personnes qui suivent leur formation. On demande à la personne d’ajouter le tutorat à son panel de compétences.

Les universités qui le souhaitent peuvent déposer un dossier auprès de la Mission Numérique pour l’Enseignement Supérieur pour devenir centre de validation au C2i2e. Elles inscrivent dans leurs maquettes de master 1 et 2 liées aux métiers de l’enseignement et de la formation des heures dédiées à une formation au C2i2e.

L’obtention du certificat peut se réaliser ainsi en deux ans pour les étudiants de master sous la forme de validation de compétences.
En 2008 l’obtention du Brevet Informatique et Internet est devenue obligatoire pour le Diplôme National du Brevet des collèges. Dès 2012, tout étudiant qui obtiendra son CAPES devra posséder le C2i2e pour pouvoir enseigner.

L’utilisation pédagogique des technologies de l’information et de la communication est devenue une compétence incontournable, à tel point qu’elle autorise ou non l’exercice d’une profession.
Certes, on pourrait être chagrin qu’une telle certification soit exigée dès l’année prochaine et qu’elle impacte si fortement l’accès au métier d’enseignant ou de formateur.

Mais peut-on imaginer qu’une jeune enseignante ou un jeune enseignant entre dans le métier sans compétence dans ce domaine ?