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Le formateur occasionnel est en peine d’écriture ce matin. L’actualité qui secoue la ville de Paris est dans tous les esprits. Les bougies sont sur les rebords des fenêtres et scintillent avec tristesse.

Les personnes passionnées par la pédagogie n’aiment pas que l’on brûle les livres, elles sont attachées à la liberté d’expression, au respect des personnes.

C’est un peu leur raison d’être.

Vous serez peut-être étonné que le petit roman s’intéresse à ce moment tragique, que le contenu de cette page 20 soit hors sujet.

Mais la pédagogie n’est jamais hors du contexte de la société. Une société s’appuie sur son école pour former les citoyens. Dans notre pays, on parle de l’école de la république :

« …l’École de la République est également le lieu de l’apprentissage de la citoyenneté et du « vivre ensemble », capable de former des citoyens éclairés, de transmettre et de faire partager les valeurs de la République ».

Source : www.gouvernement.fr/action/une-ecole-qui-porte-haut-les-valeurs-de-la-republique

A l’heure où le mot guerre revient sur toutes les lèvres, ne laissons pas de côté les mots enseignement, apprentissage, formation, savoirs. Ces mots sont facteurs de liberté pour l’individu, de recul face à des croyances exacerbées, de respect des autres.

J’ai toujours été impressionné par les écrits de Condorcet publiés il y a plus de deux siècles.

« La vie humaine n’est point une lutte où des rivaux se disputent des prix ; c’est un voyage que des frères font en commun, et où chacun employant ses forces pour le bien de tous, en est récompensé par les douceurs d’une bienveillance réciproque, par la jouissance attachée au sentiment d’avoir mérité la reconnaissance ou l’estime. »

Nicolas de Condorcet ; Sur l’instruction publique (1792)

Dès demain matin, je me remets à la création de parcours de formation en ligne. Il me faut du papier, un crayon, un clavier, une connexion Internet, un logiciel auteur, un peu de jugeote, de l’imagination, pas mal de temps. Ce sont les meilleures armes que j’aie trouvées jusqu’à présent pour mener des combats contre l’obscurantisme.

Jack, formateur occasionnel.

À suivre …

Lien vers les pages du petit roman : http://jacques-cartier.fr/roman/

© 2015 J. CARTIER

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Paternité Certains droits réservés par algogenius

Le dispositif FODAD est en place. Plusieurs académies commencent à l’utiliser.

Mais des questions se posent, des remarques remontent très vite aux responsables de la mise en route.

Les formateurs sont les premiers à « remuer ». D’une pratique solitaire dans une salle, il leur est demandé de passer à une activité dénommée hybride, incluant de la présence et de la distance. Que vont-ils faire à distance ?

Certains ne sont pas à l’aise avec les outils informatiques et le monde de l’Internet. Ils ont peur de ne pas savoir faire.

Certains formateurs (beaucoup) rechignent à utiliser des ressources dont ils ne sont pas les auteurs. Ils sont très jaloux de leurs contenus.

De plus, ils ne se voient pas accompagner les apprenants. On leur a parlé de « tutorat ». Certains refusent d’être qualifiés de formateurs-tuteurs, ils trouvent que cela diminue leur image, leur professionnalité. Le rôle de tuteur leur semble être un sous-produit de la formation. À leur décharge, les premières propositions de financement de leur tutorat (tarif horaire) avoisinaient le montant d’une heure de ménage !

Les apprenants ne sont pas les derniers à s’exprimer. Une apprenante déclare :

« Mais, monsieur, la formation, c’est dans une salle avec un formateur qui vous dit ce qu’il faut faire ! »

On aurait tort de balayer d’un revers de main toutes ces remontées. A priori, on ne peut pas passer d’un dispositif traditionnel (en présence) à de la distance, sans former les personnes à son usage. Sur les aspects techniques certes (manipulation des outils informatiques, utilisation du site collaboratif), mais aussi sur les aspects pédagogiques, sur le passage d’un mode transmissif à un mode collaboratif, sur la différence entre enseignement et apprentissage…

Bon, je crois que je vais bientôt recevoir une convocation à participer à un stage de formateurs sur ces thématiques. J’espère que ça ne va pas voler trop haut et que nous aurons un formateur qui soit aussi une femme ou un homme de terrain. Il nous faudra du concret.

Jack, formateur occasionnel.

A suivre …

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© 2015 J. CARTIER

Le pied dans la porte

Publié: 8 février 2010 dans Lectures, Réflexions
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Image sur Pixabay

Jean-Pierre Astolfi (1) écrivait :

« L’effort demandé n’a de sens que s’il entre en résonance avec les centres d’intérêt des élèves. Cela ne veut pas dire qu’il faille se caler sur ce qui leur plaît en éliminant les contenus qui les ennuient, bien au contraire. Cela souligne simplement qu’il faut trouver les moyens d’un « pied dans la porte » pour qu’ils puissent entrer dans les problématiques disciplinaires, alors qu’ils se demandent pourquoi ils devraient faire l’effort de s’y intéresser. Car chaque discipline est une sorte de petit jardin de paradis, caché au regard des passants par une lourde porte sombre. Les anti-pédagogues imaginent trop souvent qu’il suffit de décrire aux élèves ce qu’il y a derrière la porte pour qu’ils parviennent à l’ouvrir. Mais chaque discipline est une conquête coûteuse (collective et individuelle, historique et didactique), et le « gai savoir » à venir prend d’abord l’aspect d’une contrainte rebutante. La porte est lourde… »

L’enseignant à distance a des outils de communication à sa disposition, nombreux et variés. Mais il est confronté au fait de mettre un « pied dans la porte » pour que ses apprenants entrent dans le jeu de l’apprentissage et ne se contentent pas d’un bruit de communication via des forums et des classes virtuelles.

L’objectif poursuivi est bien d’apprendre en poussant une lourde porte…

(1) Jean-Pierre ASTOLFI, didacticien et professeur de sciences de l’éducation à l’université de Rouen
décédé le 2 décembre 2009 – Voir l’article sur les Cahiers Pédagogiques.

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—– Image sur Flickr en Creative Commons —–

Par outil grand public nous entendons un logiciel dont tout un chacun dispose sur son ordinateur.

Le traitement de texte est un bon exemple. Tout le monde saisit du texte à intervalles réguliers. Mais exploite-t-on vraiment ce logiciel pour les apprentissages ?

Le passage de la machine à écrire au traitement de texte s’est réalisé rapidement. Un ordinateur est venu remplacé la bonne vieille machine à écrire mécanique. Mais a-t-on fait le saut nécessaire entre ces deux machines qui sont de deux mondes différents.

Dans ma pratique de formateur, notamment de secrétaires de direction, j’ai noté que peu de personnes avaient changé leur pratique entre ces deux mondes. Les automatismes liés au logiciel (notion de paragraphe, style, table des matières automatique, document modèle, mode plan, …) sont rarement utilisés.

En travaillant avec des docteurs en lettres récemment, toutes et tous m’ont indiqué que la rédaction de leur thèse avait été « manuelle« , sans aucun automatisme … Si un chapitre est déplacé, la table des matières est fausse … (!)

En ce qui concerne les apprentissages,  le traitement de texte, outil grand public, reste d’un apport essentiel.  Jacques Anis (1) (2)  évoque les points suivants :

  • des fonctions de rédaction : insertion, couper-copier-coller-déplacer, recherche et remplacement, glossaire ;
  • des fonctions méta-scripturales : déplacement dans un document, sélection d’une partie, annuler/répéter, afficher en mode plan, en mode aperçu avant impression, enregistrement, impression ;
  • des fonctions de mise en forme et de structuration du document : format de caractères, attributs graphiques, insertion d’images, de tableaux, de documents, table des matières, indexation ;
  • des fonctions métatextuelles : annotations (commentaires de l’auteur ou d’un lecteur), statistique (comptage des caractères, des mots, des lignes, des paragraphes, des pages), marques de révision qui mettent en évidence toutes les modifications rédactionnelles, vérification orthographique, grammaticale et stylistique, dictionnaire des synonymes.

Dans une activité coopérative à distance, on a fait appel souvent à une écriture collective. Le traitement de texte se prête bien à ce type de production. Les apprenants bâtissent le canevas du document puis chacun prend en charge un chapitre particulier. Il est possible ainsi de fusionner les écrits, les amender, …

(1) cité par Depover, C, Karsenti, T, Komis, V, (2009), Enseigner avec les technologies, Québec : Presses de l’Université du Québec.

(2) Anis, J, (1998), Texte et ordinateur, l’écriture réinventée ?, Bruxelles, De Boeck Université.