« Introduire de la foad dans un centre de formation relève d’une transformation alchimique, il va falloir recomposer activités, procédures, mode de gestion et d’enseignement … C’est-à-dire déconstruire la « statue » actuelle du centre de formation pour ré élaborer à partir de ses composants, en dynamique, un organisme vivant dans lequel les technologies auront leur part. De nombreuses questions se posent : comment se préparer à ce changement ? Quels sont les freins ? A quelles conditions réussir ? Qui gagne quoi dans un dispositif de professionnalisation ? Comment instaurer cette dynamique à long terme ? Quelle part laisser aux technologies ? »
Véronique Duveau-Patureau
Revue Distance et savoirs -Volume 2 – n° 1/2004, page 26
L’organisme de formation qui « se lance » peut difficilement faire les choses à moitié. Par exemple se doter d’une plate-forme et penser que cet outil suffira à implanter la foad dans les pratiques. Il manque de nombreux maillons à la transformation alchimique dont parle Véronique Duveau-Patureau. On peut ainsi penser que l’on se trouve dans une problématique d’innovation. A ce propos l’ouvrage de Norbert Alter « L’innovation ordinaire » est d’un apport précieux. L’auteur aborde les notions d’invention et d’innovation, indique comment une invention devient une innovation et quel est son chemin de vie.
« Ce qui semble intéressant est le fait, largement mis en évidence par la sociologie de l’innovation, que le passage de l’invention à l’innovation suppose l’existence de découvertes intermédiaires, qui se traduisent par des usages imprévus et par une capacité à en tenir compte collectivement. Plus fondamentalement, ce qui permet l’innovation n’est pas l’idée que l’on s’en fait initialement mais les leçons que l’on tire de sa mise en oeuvre. » Page 80
Pour l’auteur l’innovation ne se décrète pas d’en haut, elle est une activité profondément collective dans laquelle chacune et chacun à sa part à jouer. Il cite Joseph Shumpeter qui dit dans son ouvrage « Capitalisme, socialisme et démocratie »– 1942 :
« L’innovation n’est ni une bonne ni une mauvaise chose, elle est une « destruction créatrice ». Elle détruit l’ancien pour créer le nouveau … Cette circonstance de perpétuel changement représente la nouvelle donne du fonctionnement des firmes… La nouveauté pour « prendre » ne doit pas être en surplomb par rapport aux pratiques sociales. Elle doit faire l’objet d’une appropriation… Cette idée est majeure pour les sciences de gestion comme pour les pratiques gestionnaires. L’innovation représente ainsi une activité collective. »
L’organisme de formation va déconstruire pour reconstruire. Le temps nécessaire à cette nouvelle naissance engendrera des difficultés : la prise de conscience que l’innovation ne peut être dogmatique, la nécessité d’une nouvelle professionnalisation des acteurs, de nouveaux modes de gestion, la gestion des conflits entre innovateurs et ordre établi, l’absence d’un état stable, …