Photo Jacques Cartier – Plage de Saint Cast le Guildo
Lorsque l’on évoque le concept de formation à distance, n’oublie t-on pas que la distance est à facettes multiples ?
Citons Michel Serres qui évoque les distances :
« Des distances
Reprenons, encore, l’Histoire : l’enseignement à distance date de la nuit des temps, je veux dire du début de la pédagogie, puisque ce dernier mot signifie la conduite de l’enfant pendant un déplacement. Ce voyage suppose plusieurs écarts que le guide aide à combler. Toute l’histoire de la paideia, depuis son origine grecque, relate la réduction progressive de telles distances. Que voici : géographiques, spatiales, physiques… elles se mesurent en stades ou en kilomètres, quand nous habitons loin des écoles, des bibliothèques ou des laboratoires, bref des sources concentrées du savoir ; financières si nous vivons pauvres, indigents ou misérables ; linguistiques, si nous ne parlons pas le dialecte convenu entre savants ou celui des hommes de culture ; culturelles, si notre ethnologie reste étrangère au savoir canonisé ; sociales, selon notre classe ; temporelles, si la source de la connaissance a jailli en des temps oubliés ; pathétiques, car le savoir fait toujours peur, y compris et peut-être surtout aux experts… Ces distances nous séparent toutes de la connaissance. »
Michel Serres, Hors-série du Monde de l’Éducation, « Apprendre à distance », septembre 1998