Par Jacques Cartier – Consultant Expert International – Auditeur Qualiopi -Mentor Evaluateur chez OpenClassrooms – Mentor Evaluateur chez Digital Trainer – Expert associé au Forum Mondial Heracles – Ancien Expert auprès de la Mission du Numérique pour l'Enseignement Supérieur – Membre de Compética (Projet de développement de partenariat financé par le conseil de recherches en sciences humaines du Canada) – Enseignant honoraire (Université de Franche Comté – Unité de Formation et de Recherche Sciences du Langage, de l'Homme et de la Société – France)
Je voudrais évoquer aujourd’hui la notion de bonnes pratiques en pédagogie. Existe-t’il une méthode pédagogique miracle ?
– Sur ce sujet, les prises de positions un peu intransigeantes concernant les bonnes pratiques en pédagogie ne manquent pas. Labonne pratique serait une pédagogie active ou inversée ou collaborative. J’entends même des commentaires peu conciliants, peu amènes, sur la pédagogie dite « traditionnelle ». Comme s’il ne fallait plus jamais s’adresser à un public en direct sous une forme expositive dans une architecture de classe « à l’ancienne ». Tu vois que je mets certains mots entre guillemets !
Il me semble, dans mon action quotidienne, que je choisis la méthode en fonction de mon public, de ses réactions aux travaux entrepris. À un moment donné, la mise en groupes des participants pour une tâche particulière semble être le bon moyen de déclencher les apprentissages. À un autre moment, l’intervention magistrale d’un quart d’heure semble être le bon vecteur.
C’est cette variété de choix de modalités qui me semble riche autant pour les apprenants que pour moi-même. Et puis, un enseignant ou un formateur est peut-être plus à l’aise et habile dans un contexte traditionnel sans que ce terme soit péjoratif. Il ne va pas, d’un claquement de doigts, passer à une pédagogie en mode travail de groupes. Cela nécessite une prise de recul sur sa pratique et donc du temps, des rencontres, des essais, …
Je perçois aussi ce problème dans l’utilisation du numérique. Certains sont un peu inconditionnels de l’utilisation du digital, comme d’autres restent très distants. Là encore, tout dépend du contexte, du travail à réaliser, de l’équipement disponible, de la qualité de la connexion, … Il ne s’agit pas de faire du digital pour du digital !
Peut-être que la feuille de papier, le post-it, le tableau blanc répondent mieux à l’objectif formulé de la séance, ou alors c’est l’ordinateur qui se révèle le plus efficace. À voir ! À tester !
Il me revient à l’esprit une remarque d’un collègue qui avait assisté à un cours et qui me disait : « Tu te rends compte, le professeur a présenté son cours avec un diaporama ! ». Comme si le diaporama faisait un peu ringard et n’était pas une utilisation satisfaisante et suffisante du numérique en classe. Peut-être que le collègue qui assurait le cours était à l’aise dans l’utilisation de l’outil de présentation et pas encore sur d’autres logiciels ou espaces en ligne. Et très certainement, demain ou après-demain, il va avoir l’idée de laisser quelques diapositives vides que les apprenant(e)s devront compléter. L’outil de présentation devient alors (aussi) support d’activité.
– Jacques, il n’y aurait ainsi pas de bonne pratique, il y aurait des pratiques ?
– Lorsque j’étais tout jeune futur instituteur (j’avais royalement dix-huit ans), j’ai participé à un stage de plusieurs semaines dans la classe d’un collègue qui pratiquait la pédagogie Freinet. J’ai vite compris le travail de fond qu’il avait accompli pour que sa classe ressemble à un véritable atelier de pratiques pédagogiques.
Il avait une classe à tous les cours (de la maternelle au cours moyen 2ème année). Souvent, les élèves étaient à plusieurs endroits des deux salles, organisés en différents groupes pratiquant des activités différentes. Le maître passait d’un groupe à l’autre, fournissait des conseils, des outils de travail, de la méthode. Toujours avec beaucoup d’empathie.
Pour être à l’aise dans ce mode de travail, il avait sûrement passé un nombre d’heures impressionnant pour se former lui-même, pour bâtir ses séances, transformer sa classe en une bibliothèque des apprentissages.
– Merci Jacques, toujours le mot pour relativiser !
Tu évoques parfois le fait que des collègues ont des difficultés à passer de la modalité présentielle à la modalité hybride et tout distancielle du fait de leur niveau d’expertise dans l’utilisation des outils liés à l’informatique. As-tu des conseils à donner à propos de ce souci ?
– En effet, un organisme de formation qui souhaite introduire le distant dans sa pratique forme ses personnels sur les aspects pédagogiques de cette modalité particulière. Mais, j’ai souvent observé que les aspects techniques (utilisation du numérique) sont souvent laissés de côté, peut-être parce que l’on pense que tous les formateurs·trices ont le niveau ?
Cette omission est fâcheuse, car de nombreuses personnes sont vite bloquées dans l’avancement de leur travail.
L’utilisation quotidienne d’un ordinateur, d’un smartphone, d’une tablette fournit le socle de base des compétences utiles. Et il est vrai que la plupart des personnes sont à ce niveau d’utilisation. Peu d’entre-elles sont ainsi de grandes débutantes !
– Pourrait-on ainsi établir une liste de compétences ? Qu’en penses-tu ?
– Oui, tu as raison. Je me lance !
Pour une meilleure autonomie dans la pratique pédagogique au quotidien, on pourrait lister quelques éléments clés :
Gérer ses fichiers
Discerner leurs types en les identifiant par leurs extensions (.pdf, .docx, .html, …), les organiser dans des dossiers et sous-dossiers. Les fichiers de la formation « F » seront déposés dans le dossier « Formation_F ». Ce dossier sera subdivisé en sous dossiers : Textes, Images, Sons, Vidéos, …
Sauvegarder son travail réalisé est une nécessité « vitale »
S’équiper d’un logiciel de sauvegarde, d’un disque dur externe, d’un nuage (cloud) efficace.
Travailler avec un seul exemplaire, c’est traverser les chutes du Niagara sur un fil sans corde d’assistance en cas de chute ! Les ordinateurs d’aujourd’hui sont de plus en plus fiables, on en vient à oublier que la panne ne prévient pas. Ou la casse, ou le vol, …
Utiliser une plateforme de formation asynchrone, béaba ?
L’organisme de formation est équipé d’une plateforme de formation. Son utilisation nécessite un apprentissage. Une formation initiale et continue est à organiser pour l’équipe. Le son et la vidéo sont de plus en plus intégrés dans les parcours de formation. Des formateurs ont leur propre chaîne Youtube… Il faut ainsi doter les collègues d’outils logiciels pour gérer ces médias.
On peut créer un parcours intitulé « Bac à sable » dans lequel le formateur peut faire tous ses tests sans risquer de faire des bêtises sur le vrai parcours. C’est comme la cale martyre utilisée en menuiserie pour protéger la planche originale !
Utiliser une plateforme synchrone
Avec la pandémie, cette modalité de formation s’est très vite mise en place. Mais est-ce si simple de se connecter en direct avec des personnes distantes ? Techniquement, quels sont les pré-requis nécessaires ? Quid du matériel utile (ordinateur, webcam, micro, débit de connexion) et de l’environnement de travail (un bureau dédié, éclairage, décor derrière soi, …)
Se doter d’un logiciel auteur
L’utilisation d’un logiciel auteur (j’utilise Exelearning – http://exelearning.net) inclut des outils pédagogiques prêts à l’emploi. De plus il permet de produire des parcours qui seront utilisables sur d’autres plateformes, car il autorise l’export au modèle SCORM dont voici quelques particularités :
« Accessibilité : capacité de repérer des composants d’enseignement à partir d’un site distant, d’y accéder et de les distribuer à plusieurs autres sites.
Adaptabilité : capacité à personnaliser la formation en fonction des besoins des personnes et organisations.
Durabilité : capacité de résister à l’évolution de la technologie sans nécessiter une re-conception, une reconfiguration ou un recodage.
Interopérabilité : capacité d’utiliser dans un autre emplacement et avec un autre ensemble d’outils ou sur une autre plate-forme des composants d’enseignement développés dans un site, avec un certain ensemble d’outils ou sur une certaine plate forme. Note : il existe plusieurs niveaux d’interopérabilité.
Réutilisabilité : souplesse permettant d’intégrer des composants d’enseignement dans des contextes et des applications multiples. »
L’intervenant doit pouvoir aider les apprenants à solutionner leurs problèmes techniques de base. Par exemple, paramétrer le micro pour la classe virtuelle, configurer le navigateur pour que tout s’affiche correctement à l’écran, gérer le bon type de fichier à déposer sur la plateforme, …
Formateur = Géo Trouvetou !
– Merci Jacques ! Je vais appliquer tes conseils !
– Bonjour Jacques, Tu évoques, dans notre dernier échange, que tu fais passer chaque semaine des soutenances aux étudiants OpenClassrooms. Tu en es à trois cents ! Ne risques-tu pas la saturation ?
– On peut effectivement craindre que cette répétition engendre de l’ennui et, à la longue, une distance néfaste à la qualité du travail réalisé. Il n’en est rien, car les étudiant·e·s traitent les sujets de façon très personnelle. Aucune soutenance ne ressemble à une autre.
– Quelles sont ces différences ?
– Chaque personne perçoit la thématique du projet avec sa propre sensibilité, en fonction de sa formation initiale, de son expérience de vie professionnelle et privée, de son projet professionnel. Le support de présentation (diaporama classique ou en ligne) est très personnalisé. Le discours tenu, l’aisance à l’oral, la réactivité aux échanges durant la phase de discussion, … Tous ces éléments sont différents et variés selon leurs auteur·e·s.
– Donc, tu ne t’ennuies pas si je comprends bien ?
– Au contraire, chaque soutenance m’apporte beaucoup. Je lis les documents que l’on appelle les « livrables« , j’écoute de façon active la personne lors de son exposé, je prends des notes, j’essaie de donner à la discussion qui suit un côté très dynamique. Je propose à la personne de faire son autoévaluation quant à sa façon d’appréhender le projet, de le traiter et de le présenter. Le plus souvent, les étudiant·e·s trouvent des informations riches, des liens porteurs, des applications en ligne pertinentes, des idées novatrices. Ils·elles apportent ainsi de l’eau à mon moulin pour que je me situe toujours dans une dynamique de recherche.
– Jacques, tu es insatiable ! Tu m’as dit récemment que tout enseignant·e ou formateur·rice de la maternelle à l’université est pédagogue chercheur. Tu m’as indiqué que tu tenais cette expression d’une vidéo de Philippe Meirieu que tu avais visionnée et qui t’a marqué : https://www.dailymotion.com/video/xbxsz8
Je m’aperçois que tu travailles maintenant quasiment entièrement à distance. Depuis deux ans, tu mènes une activité de mentor validateur chez OpenClassrooms. Quelle est ta mission ?
– Mes étudiants participent à une formation entièrement à distance qui dure plusieurs mois, voire une année. Une fois par semaine, nous nous rencontrons en classe virtuelle pour évoquer les travaux à réaliser sur le projet en cours. Chaque personne prépare entre huit et dix projets pour valider la formation. Je m’occupe de trois cursus : Ingénieur Responsable Pédagogique, Formateur Enseignant et Passeport Numérique. Voici mes attributions :
● Suivi pédagogique d’un parcours
● Orientation sur les ressources et l’acquisition de compétences
● Réponses aux questions, retours constructifs et déblocage sur les projets
● Développer les capacités d’apprentissage individuel
● Estimation du degré de progression sur les projets
● Préparation des soutenances
● Fixer des objectifs avec l’étudiant(e) pour motiver et garder le rythme
● Alerter OpenClassrooms en cas de besoin
– Ces formations sont-elles qualifiantes ?
-Oui, la plupart. Par exemple, Ingénieur Responsable Pédagogique est un Titre RNCP (Répertoire National des Certifications Professionnelles) qui est référencé par France Compétences. Tu trouveras les informations utiles en cliquant ce lien :
Ce Titre délivre un diplôme de niveau 6 selon la nomenclature européenne.
– Tu évoques aussi le fait que tu es mentor validateur. Tu fais passer des soutenances ?
– Effectivement. Chaque projet est validé à la suite d’une soutenance de 30 minutes environ qui se déroule en ligne. L’étudiant(e) présente son projet à un(e) mentor(e) validatrice ou validateur. A l’issue de cette prestation, la soutenance est validée (ou non) et permet de passer au projet suivant. La plupart du temps, si le projet est à retravailler, c’est à la marge. Quelques documents à revoir par exemple. Cela ne nécessite pas de tout repasser.
– Merci Jacques. Je perçois que tu es à l’aise dans ce genre de mission. Je comprends mieux la citation en page d’accueil de ton site que tu appliques aux adultes :
« L’on ne peut pas instruire sans supposer toute l’intelligence possible dans un marmot ».
Photo Jacques Cartier en CC Paternité Partage à l’identique
Ma nouvelle classe
– Jacques, tu nous fais pénétrer dans ton bureau ce matin. Je vois de la technologie numérique (ton ordinateur) mais aussi du papier et des stylos, des post-it. Ton agenda n’est pas très numérisé ? Le petit café semble être un compagnon de route.
– En 1972, ma première classe ressemblait à l’image ci-dessous. Il faut ajouter le poêle à bois qui se trouvait au milieu de la salle.
Mais, en fait, il y a beaucoup de similitudes entre ces « deux mondes ». Instituteur, je préparais mon cahier journal qui décrivait les activités pédagogiques que j’animais chaque jour. Aujourd’hui, je prépare un storyboard pour ensuite déposer les activités et ressources sur une plateforme de formation en ligne.
– Et les méthodes pédagogiques, ont-elles des points communs entre ces deux univers ?
– Complètement ! Les méthodes expositives, affirmatives, interrogatives, actives, expérientielles se retrouvent dans ces deux contextes. Elles ne vieillissent pas ! Je trouve même que le digital les redécouvre. Il s’appuie sur elles pour rendre les formations en ligne plus intéressantes, plus engageantes pour l’apprenant.
– Donc tu n’es pas dépaysé ?
– Pas le moins du monde. C’est certain, je regrette un peu l’odeur de la cire utilisée pour l’entretien des meubles, les senteurs du bois entreposé dans le petit réduit jouxtant ma salle. Mais, à la maison, j’ai du papier d’Arménie qui fait l’affaire…
– Ça te dirait de retourner travailler dans une salle de classe de ce type ?
– Oui, mais je ferais différemment. Ma salle serait encore plus un atelier pédagogique, organisée en petits ilots dédiés à des types d’activités particulières. Elle serait mobile autorisant le chamboulement du mobilier en fonction du travail à réaliser. Je donnerais plus de place à l’engagement des élèves à assumer leurs propres apprentissages. Je retravaillerais mes modalités d’évaluation qui sont restées longtemps mon talon d’Achille.
– Mais tu fais tout cela sur tes plateformes de formation ?
– Oui, car ces espaces sont souples et permettent vraiment d’imaginer des situations pédagogiques inédites. C’est un champ ouvert à l’innovation.
Le terme innovation est généralement associé à la science et à la technologie. Le concept d’innovation, tel qu’on le connaît, s’est développé dans l’univers du progrès technologique. Mais l’innovation revêt aussi une dimension sociale et l’innovation en éducation en fait partie (Conseil supérieur de l’éducation [5]).
– Jacques, tu nous dresses un portrait très positif de tes activités professionnelles passées et c’est appréciable. Mais as-tu vécu des heures difficiles ?
– Je ne serais pas très honnête de cacher les difficultés que j’ai traversées. J’ai travaillé dans une institution d’enseignement qui fonctionne selon un schéma très hiérarchique. La position de la personne dans cette pyramide lui permet d’occuper un poste pour lequel elle peut ne pas avoir de compétences avérées. De ce fait, les initiatives avancées par des collaborateurs peuvent être tuées dans l’œuf ou, et c’est pire, ignorées voire « combattues » en arrière-plan.
– Mais dans ce cas-là, Jacques, que faire ?
– Le projet mis en avant, s’il est bien cadré, peut l’emporter néanmoins. Mais la dépense d’énergie est grande pour vaincre ces résistances ! Certains subissent, d’autres abandonnent, les plus toniques s’en vont vers des cieux plus cléments, …
– Tu en gardes un mauvais souvenir ?
– En fait, non, les points positifs l’emportent. Dans l’institution que j’évoque, il y a des solutions pour bouger les choses, des portes à pousser pour générer des initiatives. Elle est à la fois figée et innovante ! Et puis il faut aussi balayer devant sa porte.
– Que veux-tu dire par là ?
– J’évoquais le montage d’un projet. Peut-être ai-je sous-estimé à certains moments la façon de gérer un projet d’envergure quant à la communication en interne. De ce fait, le projet reste dans une niche d’initié(e)s et le met à la merci des détracteurs. Il faut aussi reconnaître ses faiblesses !
– Merci, Jacques, toujours la petite note tonique et optimiste chez toi !
« Un saltimbanque est un artiste du spectacle de rue ( spectacle vivant). Il fait toutes sortes de tours et joue de l’étonnement pour amuser le public dans les foires. Les troupes d’artistes se produisaient de ville en ville sous l’Ancien Régime. Les prestations étaient diverses, du montreur d’ours aux dramaturges itinérants qui allaient donner à la littérature française ses lettres de noblesse. »
– Jacques, tu n’as pas l’impression parfois d’être un peu un saltimbanque dans ton activité de formateur ?
– Si, j’ai le sentiment de jouer ce rôle dans mon quotidien de formateur. Je fais des tours pour captiver mes apprenants, le pitre pour donner du piment à une situation pédagogique. Le clown, un peu, faut pas trop exagérer…
Je suis nomade et vais de ville en ville (de classe virtuelle en classe virtuelle !) pour animer mes formations. Je fais un peu de spectacle de rue en faisant participer mon public, pour qu’il s’investisse dans sa propre formation. Je ne forme pas les gens, ce sont eux qui se forment.
Je ne parle pas en alexandrins comme un comédien de la tragédie classique, mais je soigne mon langage en l’adaptant à mon public. Imaginez que je présente les contenus de la formation en alexandrins et que personne ne le remarque. Je pense à Gérard Depardieu dans le film « Cyrano de Bergerac » de Jean-Paul Rappeneau !
Je fais du spectacle vivant car je joue sur des registres d’expression artistiques comme le théâtre, les arts du cirque, les arts de la rue, les arts de la marionnette, …
Je vous donne un exemple : lorsque j’ai le sentiment que l’attention de mon groupe chute, je chante la chanson « Ainsi font, font, font » en bougeant mes mains au-dessus de ma tête comme si je tenais des marionnettes. Je vous assure que vous ramenez le public à sa tâche !
Certes, cela ne plaît pas à tout le monde. Une personne est restée une fois dans la salle pour s’adresser à moi en privé. Elle m’a dit avoir été choquée par ma prestation du « Ainsi font, font, font ». Je me suis dit alors que la liberté pédagogique du formateur est ténue. Peut-être du fait que des personnes ont une représentation très normée de son rôle : la personne qui sait, qui va m’enseigner.
J’ai envie d’assumer ce rôle d’artiste que le formateur peut endosser. Ne pas se prendre trop au sérieux tout en étant très vigilant pour que les apprentissages se fassent. Un peu « fou du roi », mais pas si fou, car le fou du roi est souvent son conseiller.
Et la danse ? Je vous sens tendus tout d’un coup. Le voilà qui va danser au milieu de la salle de formation. Bon d’accord, peut-être pas jusque-là… Quoique, j’ai le sentiment parfois quand je présente une notion avec un diaporama de faire des pas de deux avec une cavalière imaginaire pour capter l’attention de mon auditoire.
– Jacques, tu nous a dit que tu te baladais dans l’amphithéâtre de ton université avec un micro-cravate. Je te vois bien faire des sauts de cabri dans les allées de la salle devant tes étudiant(e)s un peu surpris(es) !
C’est vrai qu’il est un peu cabotin le Jacques ! Ça me plaît bien !
« Dérapé ! La grand-voile et le génois sont bordés pas à pas au winch. Le voilier quitte le mouillage bâbord amures, au près bon plein. Nous reprenons du hale-bas de bôme, choquons un peu de grand-voile et nous voilà faisant route au 180. Le vent est établi à force 3 ce qui nous donne facilement un 6 nœuds. Les écoutes sont lovées dans le cockpit, les pare-battages rangés. Nous lofons un peu pour faire route sur un amer qui va nous permettre de faire du homing. Nous pourrons alors abattre en grand, peut-être en empannant, si le vent et la mer le permettent. J’apprécie ce nouveau bateau sans bastaques, virements et empannages sont plus simples à manier. Il est ardent, le barreur est vigilant pour ne faire finir bout au vent… » -Texte par Jacques Cartier-
Je suis un passionné de voile. Ce paragraphe est parlant pour moi et me rappelle de nombreuses situations vécues en croisières à la voile et sur mon voilier actuel « Pen Guen ». Mais, vous n’êtes pas marin, vous avez d’autres passions. Ce paragraphe est certainement « du chinois » pour vous. Il y a un nombre important de mots que vous ne connaissez pas !
En va-t-il de même avec l’utilisation du numérique dans la pratique du formateur ? Je fais un test :
» Tu te connectes avec Firefox de préférence. Si tu es dans l’établissement de formation Untel, vérifie tes réglages, car il y a un proxy et je ne suis pas sûr qu’il soit en DHCP. Leur plateforme est Moodle en version 3.4. Tu devrais avoir le statut « enseignant » dans le cours. C’est conseillé de déposer tes fichiers en .ODT, .DOCX et .PDF. Tu peux aussi utiliser un cloud en mode synchronisation. Si tu scénarises un peu plus avant, la plateforme accepte le format SCORM 1.2. Ce sera simple pour toi de déposer l’archive .ZIP. L’accès à tes parcours sera parfois lent, car la bande passante n’est pas terrible. Les apprenants ont tous un login et un password (connexion SSL) fourni par l’ENT de la maison… Comme logiciel auteur, tu peux utiliser Exelearning qui autorise l’export au format SCORM. Cela ne te dispense pas d’écrire ton storyboard et de fournir tes livrables à temps pour les implémenter sur le LMS. » – Texte par Jacques Cartier-
Pour que le formateur entre dans une dynamique de l’utilisation du numérique, quelles sont les compétences de départ qui lui sont nécessaires ?
Doit-il être un utilisateur au quotidien de son ordinateur ? Communiquer via la messagerie, naviguer sur la Toile, gérer son compte en banque, acheter en ligne, communiquer en direct avec micro et webcam ? Doit-il être compétent dans l’utilisation de logiciels, comme une suite bureautique et un logiciel auteur par exemple, un gestionnaire de vidéos, … ? Quid de son identité numérique ? Doit-il respecter une forme d’éthique particulière à l’utilisation de tout cet environnement nécessaire à son action pédagogique ?