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Paternité Certains droits réservés par amslerPIX

La pratique pédagogique est très souvent un acte solitaire. Une classe, un jour, une heure, un adulte, un public de la maternelle à l’université (au troisième âge). Difficile de sortir de ce cercle dans lequel on peut s’enfermer. Sans un retour sur son action, difficile de questionner sa pratique pour la faire bouger. Si ce feedback reste institutionnel, l’inspection par exemple, encore faut-il qu’il soit formatif, pousse à remuer dans les brancards pour remettre en cause des pans de notre pratique. S’il est sanction, alors la coquille d’œuf se referme et la solitude s’intensifie.

Le travail en réseau sur le Toile est un lieu privilégié pour l’enseignant et le formateur. Des liens se tissent nombreux et variés, dans un lieu qui sort des limites géographiques de notre espace euclidien quotidien. On peut saisir cette chance de collaborer, car la mise en avant est moins risquée qu’en présentiel. Les outils de communication peuvent créer une sorte de distance relationnelle qui concourt à plus oser, à plus dire, à mieux exprimer. Dans un forum, on n’est pas en première ligne, « sous le feu de l’ennemi ». On est presque à l’arrière, plus au calme, plus serein pour s’exprimer.

La Toile offre des opportunités plus larges d’expression, car les rencontres sont démultipliées. Les contacts des réseaux sociaux peuvent devenir de vrais amis avec lesquels une grande confiance s’installe.

Le dispositif FODAD, que j’ai déjà évoqué, m’a fait connaitre des formateurs sur la France entière. Ce réseau de personnes a développé une forme d’intelligence collective. Certes, il y a eu des frictions, mais elles ont la plupart du temps débouché sur des plus significatifs dans le domaine du savoir-faire professionnel.

Pour ma part, cette expérience a réinterrogé ma pratique. Je me suis rendu compte que je travaillais pas mal sur le « feeling », campé sur des années de pratique. Le fait d’avoir à écrire les dispositifs de formation hybride avec les collègues a redonné du sens et de la rigueur à mon action. J’ai rédigé clairement les objectifs, les prérequis, les consignes, les modalités d’évaluation,… Bref, je suis revenu sur des fondamentaux que la routine quotidienne avait quelque peu laissé à la porte.

Le mot « routine » est souvent employé de façon péjorative alors que le premier sens vieilli était :

« Connaissance, habileté acquise par l’expérience, la pratique plus que par l’enseignement ou l’étude. »

Le sens plus récent est péjoratif :

« Habitude de penser ou d’agir selon des schémas invariables, en repoussant a priori toute idée de nouveauté et de progrès. »
Dictionnaire TLFI (Trésor de la Langue Française Informatisé) – http://atilf.atilf.fr/

C’est le réseau (le numérique) qui m’a permis d’élargir mon champ d’action, de sortir de « la solitude d’un enseignant de fond ».

Assez frileux pendant longtemps quant à l’utilisation de réseaux sociaux, j’ai compris que leur usage est le sésame qui me permet de rester en éveil, à l’écoute. Et d’être « écouté ».

Jack, formateur occasionnel.

À suivre …

Lien vers les pages du petit roman : http://jacques-cartier.fr/roman/

© 2015 J. CARTIER

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Image en Creative Commons Paternité sur Flickr.com : http://www.flickr.com/photos/bluelinden/4135985067/

L’intelligence du réseau se situe aux extrémités du réseau et non au cœur. Ce principe est évoqué dans un rapport du Conseil National de la Recherche américain (NRC, « National Research Council »).

« Visant à la simplicité et à la flexibilité, le principe (du end to end) considère que le réseau doit fournir un service de base – le transport de données – et que l’intelligence, à savoir le traitement de l’information nécessaire pour proposer des applications, doit être située dans les appareils en lisière (aux « bouts ») du réseau, ou à proximité de ses extrémités. » Cité par Lawrence  Lessig (1)

Ce principe d’un réseau service peut être appliqué dans le cadre d’un environnement numérique de travail. A côté des services utiles à l’institution (éducative par exemple : cahier de textes, carnet d’appels, …) des services sont proposés aux personnes qu’elles peuvent ou non valider en fonction de leurs besoins. On peut imaginer par exemple que l’ENT propose à l’enseignant des outils auteur pour préparer et mettre en ligne ses cours, préparer des activités individuelles et collectives pour ses élèves. Et aussi des outils de communication (courriel, plate-forme synchrone, …) intégrés à l’ENT pour les besoins de communications entre enseignants, entre enseignants et élèves.

Ainsi cet outil imposé à tous peut permettre aux usagers de retrouver le end to end et laisser libre cours à l’intellignence du réseau. L’architecture (l’ENT) laisse libre cours à l’innovation.

Lawrence Lessig cite Tim Bernes-Lee :  (2)

« Conceptuellement, si le Web était destiné à devenir une ressource universelle, il devait pouvoir se développer sans entraves. Techniquement, il suffisait d’un seul point de réglementation centralisée pour que ceci devienne rapidement un goulot d’étranglement limitant le développement du Web, et le Web ne pourrait jamais se développer. Il était très important qu’il soit incontrôlable. »

Il en va certainement de même pour une plate-forme de formation ouverte et à distance. Doit-on tout régler au « millimètre » et ainsi confiner l’apprenant dans un espace ne laissant pas place à l’innovation. Ne devrait-on pas, au contraire, imaginer l’ouverture de l’environnement vers l’extérieur du réseau ?

Au formateur d’imaginer dans son projet pédagogique les « end to end » utiles !

(1) page 45 – (2) page 49

Lessig, L, (2005), L’avenir des idées, Lyon, Presses Universitaires de Lyon