Articles Tagués ‘Intelligence collective’

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La pratique pédagogique est très souvent un acte solitaire. Une classe, un jour, une heure, un adulte, un public de la maternelle à l’université (au troisième âge). Difficile de sortir de ce cercle dans lequel on peut s’enfermer. Sans un retour sur son action, difficile de questionner sa pratique pour la faire bouger. Si ce feedback reste institutionnel, l’inspection par exemple, encore faut-il qu’il soit formatif, pousse à remuer dans les brancards pour remettre en cause des pans de notre pratique. S’il est sanction, alors la coquille d’œuf se referme et la solitude s’intensifie.

Le travail en réseau sur le Toile est un lieu privilégié pour l’enseignant et le formateur. Des liens se tissent nombreux et variés, dans un lieu qui sort des limites géographiques de notre espace euclidien quotidien. On peut saisir cette chance de collaborer, car la mise en avant est moins risquée qu’en présentiel. Les outils de communication peuvent créer une sorte de distance relationnelle qui concourt à plus oser, à plus dire, à mieux exprimer. Dans un forum, on n’est pas en première ligne, « sous le feu de l’ennemi ». On est presque à l’arrière, plus au calme, plus serein pour s’exprimer.

La Toile offre des opportunités plus larges d’expression, car les rencontres sont démultipliées. Les contacts des réseaux sociaux peuvent devenir de vrais amis avec lesquels une grande confiance s’installe.

Le dispositif FODAD, que j’ai déjà évoqué, m’a fait connaitre des formateurs sur la France entière. Ce réseau de personnes a développé une forme d’intelligence collective. Certes, il y a eu des frictions, mais elles ont la plupart du temps débouché sur des plus significatifs dans le domaine du savoir-faire professionnel.

Pour ma part, cette expérience a réinterrogé ma pratique. Je me suis rendu compte que je travaillais pas mal sur le « feeling », campé sur des années de pratique. Le fait d’avoir à écrire les dispositifs de formation hybride avec les collègues a redonné du sens et de la rigueur à mon action. J’ai rédigé clairement les objectifs, les prérequis, les consignes, les modalités d’évaluation,… Bref, je suis revenu sur des fondamentaux que la routine quotidienne avait quelque peu laissé à la porte.

Le mot « routine » est souvent employé de façon péjorative alors que le premier sens vieilli était :

« Connaissance, habileté acquise par l’expérience, la pratique plus que par l’enseignement ou l’étude. »

Le sens plus récent est péjoratif :

« Habitude de penser ou d’agir selon des schémas invariables, en repoussant a priori toute idée de nouveauté et de progrès. »
Dictionnaire TLFI (Trésor de la Langue Française Informatisé) – http://atilf.atilf.fr/

C’est le réseau (le numérique) qui m’a permis d’élargir mon champ d’action, de sortir de « la solitude d’un enseignant de fond ».

Assez frileux pendant longtemps quant à l’utilisation de réseaux sociaux, j’ai compris que leur usage est le sésame qui me permet de rester en éveil, à l’écoute. Et d’être « écouté ».

Jack, formateur occasionnel.

À suivre …

Lien vers les pages du petit roman : http://jacques-cartier.fr/roman/

© 2015 J. CARTIER

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Le travail collaboratif mené lors d’une formation ouverte et à distance produit un résultat souvent novateur. En effet la production engendrée n’est pas un ajout d’élements imaginés par chaque individu mais bien un produit unique fruit de la collaboration du groupe. On peut parler d’une « intelligence collective« .

Jacques Attali, dans son ouvrage « Une brève histoire de l’avenir » insiste sur la particularité et l’importance de ce qu’il appelle « l’intelligence collective ».

« L’intelligence collective d’un groupe n’est pas la somme des savoirs de ses membres, ni même la somme de leurs aptitudes à penser; c’est une intelligence propre, qui pense autrement que chacun des membres du groupe. Ainsi, un réseau neuronal fait de cellules devient une machine à apprendre, un réseau téléphonique remplit d’autres fonctions que celles des centraux; un ordinateur réfléchit différemment de chaque microprocesseur, une ville est un être distinct de chacun de ses habitants; un orchestre est autre chose que l’addition de ses musiciens; un spectacle d’une autre nature que le rôle tenu par chacun des acteurs; les résultats d’une recherche valent plus que l’apport de chacun des chercheurs qui la mènent. Toute intelligence collective est le résultat de ponts, de liens entre les intelligences individuelles, nécessaires pour créer du neuf. »

Jacques Attali « Une brève histoire de l’avenir » page 383-384 – Fayard