Depuis quelques temps, je participe à des réunions en présence et en ligne au cours desquelles la foad est évoquée.
Devant des difficultés (réelles) de mettre en place des formations, devant un flot important de personnes à former, le mot foad surgit ou simplement le mot distance. « Bon alors, on met à distance, on hybride ! »
Mais derrière ces mots, ces affirmations, on ne perçoit pas la réalité d’un dispositif. Comme si le mot distance avait la magie de mettre les apprenants en apprentissage.
On pare au plus pressé, comme si le temps de l’apprentissage n’existait pas, comme si l’apprenti menuisier était capable en une matinée de réaliser un meuble de style en bois massif avec une documentation à télécharger.
Le mot autoformation est souvent mis en avant, mais il est difficile de savoir ce qui se profile « derrière ». Quid des contenus, des rythmes, des méthodes et des moyens de l’apprentissage, de la définition des objectifs, des moyens humains d’accompagnement, des technologies utilisées, des méthodes d’évaluation, des coûts, … ?
Et il ne faut pas oublier la posture du formateur (de l’enseignant). Citons Brigitte Albéro (1) qui évoque des écrits de B. Schwartz (2) :
« … Le formateur n’est plus le « dépositaire d’un contenu (…) qu’il délivre par le moyen presque exclusif de cours », il n’est plus en situation de contrôler « la seule assimilation des connaissances (…ni de décider) sans appel (…) du passage en classe supérieure ou du redoublement ». Le concept d’autoformation assistée suppose que le formateur sache « apprendre aux élèves comment faire pour tirer parti de informations reçues, ou pour accéder à telle ou telle source de savoir (…) qu’il sache orienter et guider ». Le formateur assure donc une fonction « d’assistance technique », « d’assistance pédagogique », et de « tutorat ». – Page 58
Monter un dispositif de formation nécessite du temps et des compétences. Lui ajouter de l’hybridité le complexifie et nécessite de le préparer avec encore plus de soin.
(1) Albéro, B, (2000),“L’autoformation en contexte institutionnel » – Du paradigme de l’instruction au paradigme de l’autonomie –, Paris, L’Harmattan.
(2) Schwartz, B, (1972, 1973), “L’éducation demain », Paris, Aubier-Montaigne.