
– Jacques, tu me dis que tu as une formation littéraire.
– J’ai en effet un bac philo. L’époque (1971) divisait les élèves en fin de troisième en catégories littéraire et scientifique. Des notes pas terribles en mathématiques et hop, on t’orientait vers les lettres ! Ce tri sélectif avait des conséquences insoupçonnées, car le jeune garçon que j’étais se mettait ainsi en tête qu’il n’était pas scientifique, pas matheux. C’était pas fait pour lui ! S’ensuivait alors un parti pris culturel fâcheux voire dramatique sur la façon de percevoir les disciplines. Le proviseur adjoint de mon lycée nous avait présenté la filière mathématique comme la voie royale !
– Ta vision semble avoir changé ?
– Lorsque je suis devenu professeur d’éducation manuelle et technique (menuiserie, cuisine, travail du métal), j’ai eu à utiliser des notions mathématiques et physiques avec mes élèves. Ensuite, comme professeur de technologie, j’ai enseigné l’électronique. J’ai pris ainsi conscience de l’importance de la physique au quotidien.
– Veux-tu dire que tu verrais bien des études qui équilibrent en permanence littérature et science ?
– Cet équilibre me semble essentiel. Appréhender le monde, c’est par la philosophie et la science. D’ailleurs pourquoi ne faire qu’une seule année de philo en classe de terminale. on pourrait commencer au collège ! Et pourquoi quasiment abandonner la physique au lycée si l’on est « littéraire » ?
– Tu évoques aussi la présence du travail manuel dans les études.
– J’ai remarqué que l’on abandonnait de plus en plus les activités manuelles lorsque j’étais professeur de technologie. Une circulaire ministérielle a même interdit un jour toute fabrication. Toutes les activités pédagogiques devaient se faire principalement en simulation sur ordinateur et sur papier.
– Regretterais-tu le bon vieux temps ?
– On ne peut pas parler de bon vieux temps, mais d’une approche du monde qui nous lie à lui étroitement. J’ai vu des collègues de SVT (Sciences et Vie de la Terre) qui faisaient cultiver un jardin par leurs élèves autour du collège. Et je mets mes bottes, je prends des outils, je creuse, je mesure, je cogite, … Mais j’étudie aussi des savoirs savants sur la façon de cultiver des plantes … Et j’approche ainsi la chimie de façon « réelle ».
– On perçoit à nouveau ton approche « Freinet ».
– Je pense à une notion chère à Célestin Freinet qu’est le « tâtonnement expérimental ».https://www.linkedin.com/embeds/publishingEmbed.html?articleId=8914407707656730271
– Merci Jacques. Tu nous prépares l’article suivant ?
– Oui, je le mets sous presse rapidement.
Jacques Cartier – Consultant expert international
espace-formation.eu – www.jacques-cartier.fr