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https://ast.wikipedia.org/wiki/C%C3%A9lestin_Freinet#/media/File:Imprimerie_Freinet_4.jpg

Je suis un peu irrité ce matin !

Par des prises de positions qui me semblent un peu intransigeantes concernant les bonnes pratiques en pédagogie, plus en fait sur la bonne pratique qui serait une pédagogie active ou inversée ou collaborative. J’entends même des commentaires peu conciliants, peu amènes, sur la pédagogie traditionnelle. Comme s’il ne fallait plus jamais s’adresser à un public en direct sous une forme expositive dans une architecture de classe à l’ancienne.

Il me semble, dans mon action quotidienne, que je choisis la méthode en fonction de mon public, de ses réactions aux travaux entrepris. À un moment donné, la mise en groupes des participants pour un travail donné semble être le bon moyen de déclencher les apprentissages. À un autre moment, l’intervention magistrale d’un quart d’heure semble être le bon déclencheur.

C’est cette variété de choix de modalités qui me semble riche autant pour les apprenants que pour moi-même. Et puis, un enseignant ou un formateur est peut-être plus à l’aise et habile dans un contexte traditionnel sans que ce terme soit péjoratif. Il ne va pas, d’un claquement de doigts, passer à une pédagogie en mode travail de groupes.

Je perçois aussi ce problème dans l’utilisation du numérique. Certains sont un peu inconditionnels de l’utilisation du numérique, comme d’autres restent très distants. Là encore, tout dépend du contexte, du travail à réaliser, de l’équipement disponible, de la qualité de la connexion, ….

Peut-être que la feuille de papier répond mieux à l’objectif formulé de la séance, ou alors c’est l’ordinateur qui se révèle le plus efficace. À voir !

Il me revient à l’esprit une remarque d’un collègue qui avait assisté à un cours et qui me disait : « Tu te rends compte, le professeur a présenté son cours avec un diaporama ! ». Comme si le diaporama n’était pas une utilisation satisfaisante et suffisante des Tic (Tice) en classe. Peut-être que le collègue qui assurait le cours était à l’aise dans l’utilisation de l’outil de présentation et pas encore sur d’autres logiciels ou espaces en ligne.

Il n’y aurait ainsi pas de bonne pratique, il y aurait des pratiques.

Lorsque j’étais tout jeune futur instituteur, j’ai participé à un stage de plusieurs semaines dans la classe d’un collègue qui pratiquait la pédagogie Freinet. J’ai vite compris le travail de fond qu’il avait accompli pour que sa classe ressemble à un véritable atelier de pratiques pédagogiques.

Il avait une classe à tous les cours (de la maternelle au cours moyen 2ème année). Souvent, les élèves étaient à plusieurs endroits des deux salles, organisées en différents groupes pratiquant des activités différentes les unes des autres. Le maître passait d’un groupe à l’autre, conseillait, fournissait des outils de travail.

Pour être à l’aise dans ce mode de travail, il avait sûrement passé un nombre d’heures impressionnant pour se former lui-même, pour bâtir ses séances, transformer sa classe en une bibliothèque des apprentissages.

Chapeau bas, monsieur Besançon, instituteur à Châtelblanc en 1972 !

Jack, formateur occasionnel.

À suivre …

Lien vers les pages du petit roman : http://jacques-cartier.fr/roman/

© 2015 J. CARTIER

Tour de France du Numérique

Publié: 31 mai 2013 dans Réflexions
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J’ai participé le 29 mai dernier au Tour de France du Numérique à Besançon.

J’ai été très intéressé par cette manifestation qui a réuni de nombreux acteurs du numérique de notre région.

Mais je pense que le Café Pédagogique fait un erreur stratégique de fond en mettant en avant des produits Microsoft. Nous avons été briefés ce jour-là sur les avantages de la tablette Windows 8.

Le milieu de l’Éducation est multi polaire et reste toujours très distant par rapport à la mise sous tutelle de tel ou tel partenaire économique.

La diversité est de mise (logiciels propriétaires, logiciels libres …) et c’est là la source des richesses de ce milieu professionnel.

Lors d’une journée comme celle-là, porteuse de potentialités riches, je pense qu’il serait plus opportun de travailler avec des partenaires multiples, issus à la fois du monde du logiciel propriétaire et du logiciel libre.

Les Tice ne sont pas l’apanage d’une seule entreprise, d’un seul groupe, d’une seule idée. Elles touchent au monde de l’Internet qui se situe dans un contexte de communication, d’échanges et de pluralisme.

Jacques Cartier
www.jacques-cartier.fr

Image en Creative Commons sur flickr.com

Deux journées scientifiques dont le thème était « La pédagogie universitaire à l’heure du numérique – Questionnement et éclairages de la recherche » viennent de se terminer. Elles se sont déroulées à l’INRP de Lyon les 6 et 7 janvier 2011.

La feuille de présentation des journées indique que 95 % des étudiants disposent d’un accès à leur environnement numérique de travail et à des ressources en ligne (vidéos, cours complets, exercices et auto-évaluations, animations, simulations …)

Ce séminaire visait à se pencher sur la question des usages. Quand les outils sont présents, mis à dispostion, qu’en est-il des usages faits par les étudiants et les enseignants, et plus largement par l’ensemble de la communauté éducative ?

Les conférences de Brigitte Albéro, Isabelle Chênerie, France Henri et Bernadette Charlier ont apporté un éclairage de fond sur la thématique du jour.

L’ensemble des interventions sera mis à disposition sur Canal-U fin janvier.

J’ai remarqué, au cours de ces journées, une certaine défiance persistante quant à la capacité des technologies à influer sur la pédagogie. Comme si elles n’étaient qu’un artéfact de plus pour participer à l’acte d’enseignement et d’apprentissage.

Ce type de colloque n’est pas l’endroit pour débattre car il est plus axé sur le mode expositif. C’est pour cela que j’ai eu envie de réagir à chaud (le lendemain) sur ce que j’évoque à l’instant.

En lisant des statistiques sur le taux d’équipement de téléphones portables des jeunes de 14 à 16 ans et de 18 à 20 ans, on s’aperçoit que pratiquement 75 à 80 % de la première tranche d’âge est équipée et que le taux frise les 100 % pour la seconde. Il serait intéressant – des collègues chercheurs ont peut-être déjà commencé ou finalisé des recherches sur ce phénomène – de connaître les implications de la possession de cet outil de communication sur le mode de communication entre les jeunes, sur leur capacité d’échange, sur l’utilisation des images et des vidéos que ce type d’outil autorise.

Ainsi, si 95 % des étudiants sont « équipés » d’outils à l’Université (voir second paragraphe), quels sont les impacts sur leur métier d’étudiant au quotidien, quelles sont les conséquences sur la (les ?) pédagogie(s) utilisées par leurs enseignants ?

On pourrait vite retomber dans un éternel débat un peu vain entre technophiles et technophobes. Et si on prenait une posture de « technodistant » en se posant calmement et sereinement les questions ?

Je pense à un article de Michel Serres (1)

« Oubliez donc, un moment, les programmes et travaillez sur les canaux : les contenus, puis les méthodes pour les diffuser vous viendront par surcroît ; et vous vous étonnerez d’avoir trouvé les solutions sans les chercher. Si l’on ne comprend pas, de plus, que les collectifs d’apprentissage dépendent encore des canaux. Par oral, le vieillard expérimenté transmet son savoir à un tout autre collectif, tout autrement rassemblé, que celui qui apprend dans et par les tablettes ou les livres ; et la classe elle-même change dès lors qu’un canal à double sens fait circuler le message. Les relations des apprenants à ceux qui les enseignent, leur attitude même, se transforment de fond en comble. Oubliez donc un moment la forme des groupes et des institutions ; une autre idée de la distribution et du contrôle vous viendra, où les offres de savoir, loin de les précéder, loin surtout de s’imposer, suivent les demandes d’enseignement et s’y adaptent. Émerge, alors, un intérêt nouveau pour l’apprentissage de la part des acteurs, une réciprocité souple entre la demande et l’offre, d’où s’ensuivra, je l’espère, un lien social renouvelé. »

En travaillant sur les canaux, comme nous y invite Michel Serres, nous devrions trouver les réponses en nous appuyant sur notre pratique quotidienne et sur les apports des chercheurs.

Tout cela sans faire de mauvais procès aux enseignants qui « rechigneraient » à se « mettre aux Tice » !

(1) Cet article ouvre le hors-série du Monde de l’Education, « Apprendre à Distance », sorti en septembre 1998, sous la direction de Michel Serres et Michel Authier; Michel Serres est philosophe, fondateur et membre du conseil d’administration de Trivium

point_interrogation_aIl est souvent difficile d’évaluer le degré d’intégration des Tice dans la pratique de l’enseignant (du formateur en général).

La technique du questionnaire traditionnel a ses limites. Que veut-on mesurer ? Et si on se cantonne à une enquête sur la quantitatif il manque tout un pan d’informations (la qualitatif, le contexte, le produit, …)

Se limiter à des résultats semble bien fragile pour estimer l’importance des progrès accomplis.

Et puis le fait de mettre à disposition de collègues un questionnaire « pur et dur » sur leur façon d’intégrer les Tice à leur pratique est un peu inquisiteur et maladroit.

 

Jean-François Coen et Jérôme Shumacher (Haute École pédagogique de Fribourg Suisse) ont fabriqué un outil pour évaluer l’impact des formations dispensées dans leur région en se centrant sur les compétences techniques acquises par les enseignants lors des formations continues mises en place. Ils ont mis le focus également sur les représentations des protagonistes envers les technologies de l’information et de la communication et sur le degré de leur intégration dans la pratique au quotidien.

Dans le but d’éviter le questionnaire traditionnel que nous avons critiqué précédemment, ils ont élaboré un questionnaire composé de quatre panels de trois « vignettes de situation ».

Exemple de vignette :

« J’essaie petit à petit d’intégrer les Tic. J’organise avec mes classes des activités ponctuelles, comme des ateliers ordinateurs, où les élèves peuvent s’exercer avec l’aide de drills. J’en connais quelques uns qui sont bien adaptés. Il m’arrive aussi parfois de remplacer les transparents par des images PowerPoint. J’éprouve quand même le besoin de me former, surtout pour les aspects technologiques où j’ai des lacunes. Je suis d’accord de consacrer du temps pour le faire car je suis bien motivée. L’arrivée des Tice dans l’école est quelque chose qui m’enthousiasme vraiment. Je connais quelques collègues qui utilisent déjà les TIC, mais ce réseau est encore relativement peu développé. J’aime bien avoir des exemples ou des modèles qui me guident dans la manière d’utiliser les TIC avec les élèves de mes classes. » 

Il est demandé à la personne de se positionner par rapport aux trois vignettes. Se sent-elle proche de telle ou telle vignette ou entre deux vignettes ?

Au démarrage d’une formation à distance qui repose beaucoup sur l’utilisation des Tice, il semble important que les apprenants se positionnent par rapport à leurs compétences dans le domaine. L’outil des auteurs semble bien adapté à un positionnement qui mette les personnes à l’aise.

Le tuteur, de son côté, dispose d’informations pertinentes pour caler son action. Il a une meilleure vision des capacités des uns et des autres quant aux habilités Tic .

Vous pourrez lire l’article des auteurs sur le site Profetic à l’adresse suivante :

>>>>>>> http://www.ritpu.org/IMG/pdf/coen.pdf <<<<<<<

Billet écrit avec l’assentiment des auteurs.

Le spécialiste de la souris

Publié: 28 mai 2007 dans Réflexions
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De nombreux enseignants s’emparent des Tice au quotidien peut-être sans le savoir, comme un Monsieur Jourdain. Car aujourd’hui faut-il être un spécialiste ? Les usages répandus dans et hors champ de l’école sont en train de s’interpénétrer. La différence n’est plus aussi sensible qu’au temps des NTIC. D’ailleurs cet acronyme a disparu du vocabulaire quotidien pour migrer vers Tic et Tice.

Mais à leur tour Tic et Tice ne vont-ils pas disparaître lorsque les usages en seront à leur maturité, que l’utilisation au quotidien de ces technologies sera aussi naturel que de décrocher le téléphone.

Enseigner avec les Tice ne posera plus de problème particulier sauf celui, permanent et irréductible à l’acte d’apprentissage, de la démarche pédagogique de l’enseignant.

Fini le temps du spécialiste, du pionnier, place à l’usage !

« Si dans les écoles, on passe très vite de « la craie à la souris », la légitimité de « spécialiste de la souris » éducative n’aura pas plus de sens que celle de « spécialiste de la craie » et de ses usages. » (1)

(1) Jacques Wallet (laboratoire CIVIIC Rouen) – « Au risque de se passer des NTICE » – http://tel.archives-ouvertes.fr/tel-00136697 – Archives Edutice